De plus en plus de cantons souhaitent annuler les examens écrits de maturité en raison de la crise du Covid-19. Quelques-uns veulent les maintenir, comme Fribourg - le seul en Suisse romande. Le Conseil fédéral aura le dernier mot.
La décision du gouvernement est attendue le 29 avril. Elle se fondera sur l'avis émis en début de semaine par la Conférence des directeurs de l'instruction publique (CDIP), qui demande d'autoriser les cantons à pouvoir maintenir ou non les écrits selon la réalité à laquelle ils font face. Anticipant le mouvement, plusieurs ont déjà fait part de leur préférence.
En Suisse romande, Fribourg apparaît comme le seul à souhaiter maintenir les examens écrits tant pour la maturité gymnasiale que pour l’école de culture générale. Il s'agit d'une question de principe pour garder la valeur du certificat, a indiqué vendredi devant la presse le conseiller d'Etat Jean-Pierre Siggen.
L’évaluation tiendra compte de la situation particulière actuelle. En l'état, 15% des élèves concernés ne seraient pas en mesure d'obtenir leur maturité. Habituellement, le taux d'échec se situe à 6%. L'occasion pour Jean-Pierre Siggen de rappeler que tout le monde ne décrochera donc pas le certificat.
Neuchâtel, Jura et Valais pour la suppression
Dans les autres cantons, l'appréciation est différente. Neuchâtel milite pour le consensus flexible trouvé par la CDIP. A titre individuel, il souhaite une suppression de ces examens écrits, compte tenu du calendrier et de la situation sanitaire dans le canton, indique Jérôme Amez-Droz, secrétaire général de l'éducation et de la famille.
Les examens sont en principe agendés début mai. Le canton n'a pas encore pris de décision concernant l'évaluation finale donnant droit au titre. Il n'a pas non plus pris de décision pour la formation de culture générale, la maturité pédagogique spécialisée et la maturité professionnelle. Il attend la décision du Conseil fédéral.
Le Valais et le Jura souhaitent eux aussi supprimer les examens écrits de maturité mais aussi ceux de culture générale. Il y a sur le sujet et sur l'autonomie à laisser aux cantons un consensus large de la CDIP auquel se rallie le Valais, selon le chef du département valaisan de la formation Christophe Darbellay qui s'est aussi adressé vendredi à la presse.
Examen pas déterminant
Vaud qui a annoncé vendredi l’annulation des examens de fin de scolarité obligatoire pourrait suivre la même logique pour les gymnases. Les conditions ne sont pas réunies pour garantir l’égalité des chances entre les élèves. 'Mais la décision sera prise à la lumière des conditions posées par le Conseil fédéral', a indiqué Julien Schekter, porte-parole au Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture.
'Il faut savoir que l’examen n’est décisif pour l’obtention ou non du titre que dans un cas extrêmement faible de situations, soit entre 1% et 2%', poursuit-il. Enfin, Genève souhaite attendre la décision du Conseil fédéral avant de se prononcer.
Zurich pour l'annulation
En Suisse alémanique, plusieurs cantons dont Zurich souhaitent annuler la tenue d'examens écrits et oraux de maturité. Sur la même ligne, Soleure et les deux Bâles ont suspendu l'organisation d'examens et prévoient tout au plus de les reporter à des dates ultérieures, en fonction de la décision du Conseil fédéral.
Le canton de Berne s'est aussi décidé pour une année sans examen de maturité. L'évaluation finale se basera sur les notes dans les différentes matières obtenues tout au long de l'année.
Dans des régions moins urbaines et moins fortement touchées par la pandémie, telles que la Suisse centrale et orientale, les autorités préfèrent maintenir les examens écrits et n'annuler que les oraux. La Thurgovie veut même maintenir les deux volets d'examens. A St-Gall, une pétition signée par 1400 personnes demande à l'exécutif de renoncer à tout examen 'afin de préserver la santé des élèves et des enseignants'.
Enseignants irrités
Les enseignants du degré secondaire demandent quant à eux que les bacheliers-ères puissent recevoir à temps leur certificat pour pouvoir poursuivre leurs études. Selon eux, la décision de la CDIP est intervenue bien trop tard, remettant en cause l'organisation des examens. Ils l'avaient alertée dans une lettre le 1er avril déjà.
Les groupes Enseignements romands du Syndicat des services publics (SSP) plaident eux pour l'annulation pure et simple des examens dans le degré secondaire II. Ils invoquent des raisons autant pédagogiques que liées à l’organisation pratique.
Les 3 options du Conseil fédéral
Les cantons ont émis leurs prises de position à titre individuel sous réserve de la décision du Conseil fédéral. Celui-ci pourrait avoir trois options: le statu quo, à savoir maintenir les examens, l'annulation ou le libre-choix laissé aux cantons.
Dans son plan progressif de déconfinement, la Confédération avait indiqué permettre la réouverture des écoles professionnelles et du secondaire II ainsi que les hautes écoles à compter du 8 juin.
/ATS