Verdict contre les leaders des Tigres tamouls rendu ce matin

Le Tribunal pénal fédéral (TPF) rend jeudi matin son verdict contre les leaders des Tigres ...
Verdict contre les leaders des Tigres tamouls rendu ce matin

Verdict contre les leaders des Tigres tamouls rendu ce matin

Photo: KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI

Le Tribunal pénal fédéral (TPF) rend jeudi matin son verdict contre les leaders des Tigres tamouls en Suisse. Durant ce procès fleuve de huit semaines, qui a duré de janvier à mars, la procureure fédérale a requis des peines allant jusqu'à six ans et demi de prison.

Les treize prévenus - douze Tamouls ou Suisses d'origine tamoule et un Allemand - sont accusés de participation ou soutien à une organisation criminelle, d'escroquerie, de faux dans les titres, de blanchiment et d'extorsion.

Durant son réquisitoire, la procureure fédérale Juliette Noto a démonté le mécanisme qui permettait au World Tamil Coordinating Comitee (WTCC) de récolter des fonds destinés largement à la lutte armée auprès de la communauté tamoule en Suisse. La magistrate a présenté les Tigres de libération de l'Ealam tamoul (LTTE), représenté en Suisse par le WTCC, comme un mouvement 'dont l'efficacité a inspiré Al Qaïda'.

Montrant une photo du chef du WTCC derrière une mitrailleuse ou des images d'enfants-soldats, l'accusatrice a passé en revue les attentats et les crimes attribués aux Tigres. Elle a tenté de démontrer l'implication en toute connaissance de cause des accusés dans le soutien et le financement du LTTE.

Combat légitime

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont invoqué la légitimité du combat des Tigres face à la répression exercée par le gouvernement sri-lankais sur la minorité tamoule. Ils ont aussi avancé que l'argent récolté en Suisse par les accusés pour le WTCC était surtout utilisé à des fins humanitaires.

La défense a aussi contesté les poursuites engagées contre les accusés au moment même où la résistance des Tigres s'effondrait au Sri Lanka. Dénonçant un complot de l'Union européenne, elle a relevé que d'autres pays avaient également lâché les Tamouls à la même période.

Au fil des audiences, les accusés se sont abondamment exprimés pour évoquer la répression subie au Sri Lanka et les atrocités commises par les forces de l'ordre. En revanche, la loi du silence s'est imposée lorsqu'ils ont été interrogés sur leur implication concrète.

Fichage et menaces

Dans les faits, l'accusation reproche aux prévenus d'avoir mis sur pied un système sophistiqué de collecte et de transfert de fonds. La communauté tamoule en Suisse était systématiquement fichée et sa capacité contributive évaluée. Les familles qui refusaient de payer étaient menacées.

Pour répondre à la dégradation de la situation au pays et au besoin pressant d'argent, les dirigeants du WTCC ont forcé dès les années 2000 des Tamouls à souscrire des petits crédits auprès de banques. Afin d'obtenir ces prêts, ils leur fournissaient de faux certificats de salaire. L'argent était confisqué dès le retrait et transféré aux LTTE.

Les Tigres tamouls ont lutté contre le gouvernement du Sri Lanka de 1983 jusqu'à sa défaite en 2009. Le mouvement revendiquait l'indépendance du nord de Ceylan, peuplé à majorité de Tamouls. Ce conflit a causé la mort de quelque 100'000 personnes.

/ATS
 

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