La construction d’un immeuble locatif a permis de découvrir de nouveaux vestiges à Saint-Maurice (VS). La partie sud d’une église datant du Haut Moyen Age (VI-VIIe siècle) a récemment été mise à jour, ainsi qu’un cimetière contenant quelques 250 stèles funéraires.
Haut lieu de la Chrétienté occidentale, Saint-Maurice connaît un rayonnement international depuis de nombreux siècles, notamment depuis la fondation de son Abbaye en 515.
Les découvertes réalisées ces quatre derniers mois ne font qu’attester un peu plus de l’importance historique de la ville. Au niveau archéologique, le site agaunois est notamment classé d’importance nationale.
Privilégiés
Erigée à la même époque que l’Abbaye, l’église funéraire Notre-Dame a été utilisée comme lieu de culte jusqu’au XIIIe siècle selon les archéologues – moment où elle est tombée en ruine - et même jusqu’au XVIIe siècle en ce qui concerne son cimetière.
'Les personnes enterrées là étaient des personnages privilégiés à leur époque', estime l’une des responsables du chantier, Marie-Paule Guex. La nécropole de 800 m2, dont les deux tiers des tombes ont été dégagées, pourrait regrouper des vestiges de représentants de la communauté locale ainsi que des pèlerins.
Ces travaux et découvertes confirment une réalité déjà bien connue des gens du lieu. 'A Saint-Maurice, il existe une ville sous la ville', rappelle Caroline Brunetti, l’archéologue cantonale. 'A tel point que l’on ne peut se saisir d’une pelle sans laisser la place aux archéologues', plaisante le président de l’Exécutif saint-mauriard, Damien Revaz.
Une première fouille
L’endroit avait déjà été fouillé plus sommairement par un architecte genevois, Louis Blondel, en 1951. Son travail avait permis de tracer le plan partiel de l’église et de documenter sommairement les tombes situées dans la zone excavée.
Selon Marie-Paule Guex, 'une partie de l’église a terminé au Rhône', situé à proximité directe. Les données recueillies depuis avril ont également permis de découvrir un portique entourant le lieu de culte. Une épitaphe romaine en a été récemment dégagée. 'Elle pourrait dater du IV ou Ve siècle après J.-C. Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations précises sur sa présence', ajoute l’archéologue.
Budget ajusté
Conscient de l’importance de ces découvertes, l’Etat du Valais a décidé d’augmenter le budget attribué aux fouilles, aux analyses et aux études scientifiques pour le porter de 300'000 à 2 millions de francs.
'Même si l’on parle du passé, ces vestiges confirment que le Valais est une terre vivante. Un vrai pays de cocagne pour les archéologues', a rappelé jeudi lors d’une conférence de presse le conseiller d’Etat en charge du dossier, Jacques Melly, en songeant également à d’autres sites comme ceux de Martigny ou Sion.
'Concernant les travaux en cours à Saint-Maurice (ndlr : ils devraient s’achever fin novembre), nous espérons un subventionnement à hauteur de 25% de la part de la Confédération.'
/ATS