La prévention du suicide bénéficie d'un outil particulier en Valais: une ligne d'écoute qui fonctionne depuis 20 ans. Elle est portée par Pars Pas, une association qui fête son anniversaire samedi à l'occasion de la 20e Journée mondiale de la prévention du suicide.
Le jeune homme avait 20 ans. Il s'est donné la mort. Un choc terrible. Pour tenter de donner un sens à sa douleur, son papa Jean-René Roch crée en 2002 Pars Pas, une association dont la particularité est d'offrir une ligne d'écoute téléphonique aux personnes plongées dans la détresse au point de vouloir mettre un terme à leur vie et à leur entourage.
'Au début, nous recevions une septantaine d'appels. Dès 2009, ils se sont comptés en centaines. En 2021 nous avons atteint un record avec 320 appels. A ma connaissance, une telle ligne centrée sur la prévention du suicide n'existe pas ailleurs en Suisse romande', explique à Keystone-ATS Philippe Hatt, président de Pars Pas.
Anonymat garanti
La vingtaine d'intervenants de l'association, tous bénévoles et souvent issus du monde des soins, fonctionnent en binôme et assurent l'écoute entre 08h00 et 20h00. A l'autre bout du fil des hommes, des femmes dont les répondants ne sauront rien d'autre que la souffrance - 'l'anonymat est garanti', rappelle Philippe Hatt.
Les bénévoles suivent régulièrement des formations et des supervisions mais ne sont pas des thérapeutes. 'Leur rôle est d'écouter, de montrer à la personne en souffrance qu'une ouverture est encore possible dans la vie, et au besoin de la diriger vers un thérapeute ou une structure répondant à sa demande', poursuit le président de l'association.
'Nous avons le temps'
La ligne fonctionne 365 jours par année et un appel dure en moyenne trois quarts d'heure à une heure. 'Il peut aussi durer plusieurs heures; nous avons le temps, c'est notre luxe. En revanche nos ressources ne nous permettent pas d'assurer le fonctionnement de la ligne durant la nuit; nous conseillons alors la Main tendue ou les urgences hospitalières', précise Philippe Hatt.
Le répondant de Pars Pas ne rappelle jamais son interlocuteur. 'Un principe important lié au respect de l'anonymat. Nous ne savons jamais qui va décrocher et ça peut être problématique en cas de violence conjugale par exemple. Nous pouvons toutefois inviter la personne en détresse à nous rappeler. Parfois elle le fait, parfois pas... '.
Baisse en 2020
Selon les statistiques de la police valaisanne, en moyenne une personne par semaine se suicide en Valais (sans compter les suicides assistés). Problèmes financiers, perte d'emploi, séparation, violence conjugale sont parfois à l'origine de ces drames.
En 2021, cinquante-neuf personnes se sont ôtées la vie dans le canton. En 2020 en plein Covid 19, elles étaient 40, soit le chiffre le plus bas sur dix ans.
'Nous avons aussi enregistré une baisse des appels et demandes d'aide durant le confinement. C'est un constat général qui dépasse les frontières suisses. Pour l'expliquer, les soignants émettent des hypothèses comme un rythme de vie moins effréné et une baisse du stress', note Philippe Hatt.
Gratuit pour tous
Les personnes endeuillées suite à un suicide sont aussi écoutées à Pars Pas via des entretiens individuels ou des groupes de paroles. Toutes les prestations sont gratuites et ouvertes à tous.
Mais l'association, membre du Réseau d'entraide Valais, manque encore de visibilité, surtout auprès des jeunes adultes. Notre objectif est de développer notre présence sur les réseaux sociaux tout en garantissant la confidentialité, y compris des répondants, ce qui ne va pas de soi'.
Dans le Haut-Valais, Pars Pas devenu 'Gang nit' a eu de la peine à se développer. 'J'entends encore un soignant me dire 'chez nous, il n'y a pas de suicide'. Mais grâce notamment à l'appui de l'ancien conseiller d'Etat Thomas Burgener, l'antenne compte aujourd'hui huit répondants', se réjouit Philippe Hatt.
Samedi, 20e Journée mondiale de la prévention du suicide, Pars Pas organise deux tables rondes autour de la prévention du suicide au théâtre du Baladin à Savièse.
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/ATS