Les centres d'asile fédéraux atteignent leurs limites en raison de la pandémie de coronavirus et de la hausse des demandes. De nouvelles structures doivent être urgemment mises sur pied. A Brugg (AG), une halle militaire a été transformée à cette fin.
En temps normal, environ 4400 places sont disponibles dans les centres d'hébergement des requérants d'asile. A cause de la pandémie, des mesures d'hygiène et de distanciation ont dû être prises et les places disponibles divisées par deux, a expliqué jeudi le directeur du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), Mario Gattiker, devant la presse.
Les demandes d'asile sont en outre reparties à la hausse ces dernières semaines. Au coeur de la crise du coronavirus, les frontières ont été fermées et les requêtes ont diminué, a rappelé Mario Gattiker. 'Mais avec la réouverture des frontières, nous sommes revenus au même niveau qu'avant la crise, avec environ 1000 demandes d'asile par mois'.
Privés de sortie
Le taux d'occupation des centres d'asile s'élève désormais à plus de 90%. 'Il n'y a pratiquement plus de marge de manoeuvre. Nos structures sont menacées de surcharge', a averti le sous-directeur du SEM, Claudio Martelli. Plusieurs scénarios, notamment liés à la pandémie de coronavirus, pourraient provoquer une telle situation.
Pour éviter les surcharges, des mesures supplémentaires ont été prises. Tous les nouveaux arrivés sont testés et doivent s'isoler jusqu'à la réception des résultats. Les personnes à risque sont séparées. Le port du masque est obligatoire dans les salles communes. La température est prise avant chaque repas. Et les autorisations de sortie pendant le weekend sont suspendues.
Malgré les mesures sanitaires prises, environ 160 requérants d'asile ont été testés positifs au Covid-19 jusqu'à présent. Un chiffre relativement bas sur les quelque 2000 personnes hébergées dans les centres d'asile fédéraux, note Claudio Martelli.
Halles automobiles réaménagées
Des capacités supplémentaires sont également nécessaires pour que les centres continuent de fonctionner conformément aux mesures sanitaires. A cette fin, le SEM a réaménagé les halles du service des automobiles du site de Ländi de Brugg (AG).
Un maximum de 230 requérants d'asile pourront y être logés dès le 30 novembre. Le centre sera opérationnel pendant trois ans. D'autres places d'hébergement sont en préparation à Sulgen (TG) et Reinach (BL). Aucun détail n'a été donné quant à leur capacité ou les négociations en cours avec les cantons.
Mario Gattiker a souligné que ces places supplémentaires pourraient ne pas suffire. L'aide des cantons est demandée.
Procédures d'asile poursuivies
La conférence presse a également été l'occasion de faire le point sur les procédures d'asile. Les auditions se sont poursuivies malgré la pandémie avec quelques adaptations.
Le nombre de participants aux audiences a été réduit. Les requérants d'asile et leur représentant juridique étaient présents physiquement. Toute autre personne participait par téléphone. Les périodes de recours ont elles été prolongées, afin que la protection juridique soit assurée dans chaque cas.
Depuis le début de la pandémie en mars, le SEM a mené plus de 3600 auditions et clôturé 10'500 procédures d'asile, dont 4200 dépendant de l'ancien droit. Moins de 700 anciens cas sont encore en suspens. Début mars 2019, date d'entrée en vigueur de la réforme de l'asile, il y en avait 11'000.
Vols spéciaux organisés
Les renvois ont aussi continué, mais dans une moindre mesure en raison des restrictions, notamment du trafic aérien. Des vols spéciaux ont été organisés pour les retours forcés, mais aussi pour des retours volontaires vers la Géorgie, l'Albanie et la Moldavie. Et les rapatriements sont de nouveau possibles vers presque tous les Etats Dublin. Le nombre de cas en suspens est resté quasiment stable.
Mario Gattiker a encore noté qu'une petite minorité de requérants d'asile a profité du système d'asile à des fins criminelles. Les patrouilles autour des centres ont été renforcées. Et le directeur du SEM de souligner que les demandes d'asile injustifiées sont traitées en priorité, afin que ces personnes quittent rapidement la Suisse.
A l'inverse, Berne a accueilli cette année 53 mineurs non accompagnés en provenance de Grèce, ayant des liens familiaux en Suisse. Trente autres devraient suivre.
/ATS