L'organisation 'The Last Resort' a confirmé mercredi aux médias qu'elle entendait bien mettre en service la capsule d'aide au suicide 'Sarco' en Suisse d'ici à la fin de l'année. Elle n'a annoncé toutefois ni de date ni de lieu.
Face aux journalistes réunis à Zurich, Fiona Stewart, membre fondatrice de l'organisation, a indiqué qu'elle s'attendait à ce que la mini-cabine soit utilisée pour la première fois d'ici à la fin de l'année. Toute précision supplémentaire serait un 'manque de respect' pour la personne y faisant appel, a-t-elle ajouté.
Promoteurs sans doutes juridiques
Les avocats de l'organisation sont en contact avec plusieurs cantons, souligne cette dernière, sans préciser lesquels. 'The Last Resort' n'a cependant aucun doute juridique, dit Mme Stewart. Ses avocats ont effectué les vérifications nécessaires, selon elle. Les candidats à l'utilisation de la capsule doivent se soumettre à un test psychiatrique.
La NZZ am Sonntag avait annoncé qu'elle allait être mise en service cette semaine en Valais. Lundi, le médecin cantonal valaisan Cédric Dessimoz a interdit l'utilisation de la capsule sur le territoire du canton. Il s'agit d'une mesure préventive dans l'intérêt de la santé publique, a-t-il confié à la RTS. Et d'ajouter que les autorités attendaient des informations plus conséquentes sur l'appareil et sur son usage.
Le Ministère public schaffhousois a émis, lui aussi, des réserves. La représentante de l'organisation d'aide au suicide n'a pas voulu commenter ces points de vue face aux médias.
En Suisse, le suicide assisté est autorisé sous plusieurs conditions dont un encadrement par un médecin. Il doit aussi être désintéressé. En cas d'incitation ou d'aide au suicide pour des motifs égoïstes, cet acte est passible d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison. Le Code pénal ne contient toutefois pas de réglementation précise de l'aide au suicide, indique l'Office fédéral de la santé publique.
'Ni médecin ni médecine'
Le but de 'The Last Resort' est de rendre possible 'une belle mort', a déclaré Mme Stewart. Pour ce faire, 'ni médecin, ni médecine ne sont nécessaires', a estimé le co-président de l'organisation, Florian Willet.
L'organisation fondée il y a quelques mois est financée par des dons privés, indique-t-elle. L'utilisation de la capsule serait aussi autorisée aux personnes qui n'en sont pas membres. Elle coûterait 18 francs par suicide. La fabrication de la capsule, elle, coûte 15'000 euros, selon ses promoteurs.
Encore jamais utilisée
Précédemment, l'inventeur de 'Sarco', le médecin australien et militant de l'aide au suicide Philip Nietschke, avait déjà prétendu que son usage était autorisé en Suisse. La capsule n'a toutefois encore jamais été utilisée.
Les organisations d'aide au suicide établies en Suisse, telles qu'Exit ou Dignitas, collaborent avec des médecins. La capsule 'Sarco', en revanche, vise à permettre aux personnes souhaitant mourir de le faire en appuyant sur un bouton. Une importante quantité d'azote est alors libérée et supplante l'oxygène. La personne perd conscience après quelques inspirations d'azote et décède après environ 5 minutes, explique Philip Nietschke aux journalistes.
'Pas comparable' avec une exécution
Aux Etats-Unis, de l'azote a été utilisé pour l'exécution d'un condamné à mort. Le procédé a toutefois entraîné une agonie pleine de souffrance. Selon l'inventeur du 'Sarco' cependant, ces souffrances sont liées au fait qu'un condamné se bat contre la mort. Il n'en irait pas de même d'une personne qui voudrait mourir.
La capsule a été testée ces douze derniers mois à Rotterdam (Pays-Bas), sans utiliser de cobayes humains ou animaux, a déclaré Fiona Stewart. En cas de mise en service, il serait demandé à la personne qui souhaite mourir si elle a conscience de ce qui arrive si elle appuie sur le bouton.
Seules les personnes en pleine capacité de discernement et de décision entrent en ligne de compte, souligne Mme Stewart. L'âge minimum fixé par l'organisation pour l'usage de la capsule est de 50 ans. Des exceptions sont possibles pour des personnes plus jeunes, si elles souffrent de maladies incurables, estime la représentante de 'The Last Resort'.
/ATS