Dans les hôpitaux suisses, le nombre de médecins touchant un bonus en fonction de leur prestation a augmenté ces dernières années. La fédération des médecins suisses (FMH) voit ces paiements d'un oeil critique.
Près d'un chef de service sur quatre et un médecin-chef sur cinq touchent un bonus, a indiqué mercredi la FMH dans un communiqué. La part de bonus dans le salaire global a fortement crû en particulier chez les médecins-chefs et les chefs de clinique.
La FMH s'oppose au versement de bonus liés à la prestation. Ils peuvent engendrer des effets contre-productifs, indique l'association. Elle privilégie des mesures non financières, tels que 'feed-back' des collègues ou gratifications symboliques.
La situation devient problématique lorsque l'enjeu de réaliser le plus grand nombre d'opérations - parfois inutiles - est plus important que la qualité des soins apportés aux patients. Dans les trente jours précédents l'étude, les médecins interrogés ont admis avoir pratiqué en moyenne 0,9 opération médicalement non indiquée.
Plus de stress
Près de 50% des médecins hospitaliers déclarent être soumis généralement ou fréquemment au stress. Selon l'étude, le stress a augmenté dans tous les groupes de médecins. Une grande majorité des médecins ont le sentiment que la qualité des traitements est influencée par la charge de travail.
Depuis l'introduction du forfait par cas SwissDRG, la part de travail administratif est aussi en hausse. Chaque jour, les médecins dédient 27% de leur travail à des tâches de documentation et d'administration. En soins somatiques aigus, ils passent seulement un tiers de leur temps auprès de leurs patients. En psychiatrie et en réadaptation, seul un quart du temps est dédié aux patients.
Cette tendance doit être inversée. Le corps médical ne peut pas résoudre tous les problèmes par des heures supplémentaires, indiquent les auteurs de l'article paru dans le bulletin des médecins suisses.
Les assureurs en cause
'La surcharge administrative du corps médical vient en premier lieu des caisses maladies. Elles demandent de plus en plus souvent des informations complémentaires lors du contrôle des factures ou refusent de prendre en charge des traitements, surtout quand il faut faire de la réadaptation', a déclaré à l'ats Conrad Engler, membre de la direction de la faîtière des hôpitaux suisses H+.
Et d'ajouter que, dans les hôpitaux, la facturation est effectuée par du personnel spécialisé. Ces derniers s'informent exceptionnellement auprès des médecins quand les procédures sont complexes. La charge de travail a aussi augmenté pour les départements de comptabilité et d'administration des patients.
Mais l'Organisation suisse des patients (OSP) pointe également du doigt les médecins. 'Je doute que tous les médecins travaillent de manière efficace, lorsqu'il s'agit de tâches administratives', a dit Barbara Züst, co-directrice de l'OSP. Certains médecins prennent encore des notes manuelles et plusieurs outils informatiques ne sont pas coordonnés. 'L'introduction du dossier électronique du patient serait un pas dans la bonne direction'.
Le financement hospitalier sous la loupe
Depuis 2011, l'institut de recherche gfs.bern mène, sur mandat de la FMH, une enquête auprès du corps médical. L'étude doit permettre de détecter suffisamment tôt les éventuelles distorsions liées au nouveau financement hospitalier. Quelque 1300 médecins ont participé au dernier sondage, selon la FMH.
/ATS