La quatrième vague menace les hôpitaux. Le nombre de nouvelles infections et d'hospitalisations liées au Covid-19 a bondi en quelques semaines en Suisse. La population est appelée à fournir un nouvel effort pour lutter contre la pandémie.
La situation est préoccupante et l'on peut parler de quatrième vague, a expliqué mardi Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), devant les médias. Le nombre de cas a légèrement diminué en une semaine, mais le taux de reproduction (valeur R) se situe à 1,22.
Au niveau des hospitalisations, le niveau s'approche de celui de la troisième vague au printemps dernier, a ajouté l'expert de la Confédération. La hausse est exponentielle. Depuis le début du mois de juillet, le nombre d'hospitalisations sur une semaine a été multiplié par trente.
La hausse du nombre d'hospitalisations touche désormais tous les cantons, a indiqué Rudolf Hauri, président des médecins cantonaux. Des demandes de transfert de patients ont déjà été faites. Aux soins intensifs, la situation est inquiétante et peut être qualifiée de tendue. Les décès restent en revanche à un bas niveau.
Pas de pronostics
Il est difficile de faire des prévisions, a déclaré Patrick Mathys. Le système de santé est sous tension et si l'augmentation du nombre de cas se poursuit, on risque d'arriver à une surcharge des hôpitaux dans quatre à six semaines. Mais l'évolution peut également être différente.
La grande majorité des hospitalisations dues au coronavirus pourrait être évitée, a ajouté Urs Karrer, vice-président de la Task force scientifique. Actuellement, neuf patients hospitalisés sur dix ne sont pas entièrement vaccinés.
Quarante pour cent des hospitalisés ont par ailleurs été infectés lors de leurs vacances, a-t-il précisé. Parmi eux, 80% l'ont été dans les pays du sud-est de l'Europe. L'information concernant la vaccination doit donc être améliorée pour ce groupe de la population. Les cas d'infections locaux augmentent également.
L'âge des patients hospitalisés a également drastiquement baissé, a poursuivi Urs Karrer. Ce sont désormais les 40-59 ans qui sont les plus représentés dans les hôpitaux. Les enfants ne sont pas nombreux à être hospitalisés, mais leur nombre augmente. Ils ont souvent été infectés dans leur famille au retour de vacances.
Tout cela met sous pression le système de santé. 'Si le nombre de cas double encore deux fois, nous atteindrons le pic de la deuxième vague', a-t-il prévenu.
Discipline à retrouver
Pour éviter que le nombre de cas n'augmente à nouveau fortement après les vacances d'automne, les comportements doivent changer. On constate un certain relâchement dans les mesures sanitaires, le port du masque ou la déclaration des cas contact, a relevé M. Hauri.
Il faut que tout le monde coopère, même si l'isolement ou la quarantaine sont des mesures désagréables. La pandémie ne disparaîtra pas en détournant le regard.
'Faites-vous vacciner. Faites-le pour vous protéger et pour protéger vos proches, le personnel soignant et nous tous. C'est bien d'applaudir, c'est mieux de se faire vacciner', a affirmé Urs Karrer. La variante Delta est plus susceptible de mener une personne aux soins intensifs que les précédentes variantes.
Vaccin dès 12 ans
Le bénéfice de la vaccination est plus important que les risques de l'infection au coronavirus, y compris pour les enfants dès 12 ans, a poursuivi Christoph Berger, président de la commission fédérale pour les vaccinations. Le vaccin permet d'éviter de s'infecter et de laisser les écoles ouvertes.
La vaccination est également recommandée désormais à toutes les femmes enceintes. Selon un recensement de l'OFSP depuis mi-juillet 2020, 225 femmes ont été hospitalisées durant leur grossesse en raison du Covid-19. Une est décédée des suites de la maladie. L'office ne dispose pas de données concernant d'éventuelles fausses couches liées au virus.
Quant à la nécessité de prendre de nouvelles mesures, les experts n'ont pas voulu empiéter sur les décisions du Conseil fédéral. La grande difficulté pour le gouvernement est de prendre les mesures nécessaires au bon moment, a estimé Patrick Mathys. Si elles sont prises trop tôt, elles seront critiquées et si elles arrivent trop tard, les effets seront néfastes.
/ATS