Le CICR a dévoilé un drone qui va changer la détection des mines antipersonnel dans le monde, selon l'organisation. Grâce à l'intelligence artificielle (IA), celui-ci pourra analyser jusqu'à 10 hectares par jour, 2000 fois plus que jusqu'à présent.
'C'est une technologie très innovante', a souligné mercredi devant la presse à Avully (GE) le chef de l'unité de la 'contamination des armes' au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Erik Tollefsen.
Certes, cet instrument ne permettra pas de nettoyer les territoires des mines antipersonnel ou antivéhicules, mais elle réduira les délais pour identifier ces engins explosifs. Même un chien de déminage mettrait six mois pour rivaliser avec l'efficacité de l'IA.
Moins d'accidents et fausses alertes
Le drone exclura rapidement de très larges zones pas infectées. Là où du métal ou du plastique sera répercuté sur la carte établie par l'IA, les détecteurs traditionnels seront utilisés pour vérifier.
Autres avantages, le taux de fausses alertes dues au matériel actuel et les accidents pour les démineurs seront aussi réduits. De même que le coût et le CO2 dégagé s'il fallait acheminer des milliers de personnes pour faire le même travail. Lancée au début de la pandémie, l'initiative menée en collaboration avec une université japonaise a abouti à un premier test l'année dernière en Jordanie.
Désormais, le CICR veut utiliser ce drone, dont le coût ne dépasse pas quelques milliers de francs, près d'Alep en Syrie. Il faut bien sûr attendre l'accord des autorités. Il faudra parfois également faire comprendre à des groupes armés que ces drones ne sont pas une arme. 'Cette négociation sera la partie la plus ardue', admet M. Tollefsen.
Nouvelle politique prévue
Le CICR ne veut pas vendre la technologie, mais inciter les gouvernements, qui prennent en charge l'immense majorité des travaux de déminage, à la reprendre. Seul inconvénient, le drone ne peut être activé dans des territoires difficiles comme les forêts denses.
Selon la présidente du CICR Mirjana Spoljaric, les nouvelles technologies seront importantes dans la nouvelle politique de l'organisation pour les prochaines années. Celle-ci, qui doit être approuvée en novembre par l'Assemblée de l'institution, sera en vigueur dès l'année prochaine.
'Tout ce que nous faisons déjà a une composante liée aux nouvelles technologies', a relevé la présidente. Le CICR recourt déjà à des drones pour optimiser les récoltes dans certains pays ou évaluer des destructions d'infrastructures dans des conflits. Ou encore montrer la répartition de populations dans des camps de réfugiés pour coller au mieux avec l'assistance menée par l'organisation.
/ATS