Adrien Jaggy, 27 ans, aime la montagne et les engins mécaniques. Depuis huit ans, il allie ses deux passions en damant les pistes de Villars-sur-Ollon (VD). Dès la fermeture des pistes jusque vers 02h00. Puis une deuxième équipe prend le relais jusqu'au petit matin.
Le ballet de dameuses dure toute la nuit. 'Les gens ne se rendent pas compte. Il faut énormément d'heures de travail pour qu'ils aient un billard sous leurs skis', explique le jeune homme.
Une journée type commence à la fermeture des pistes. 'On part d'en bas à 16h30. On démarre les machines vers 17h10. Chacun a sa piste'.
Monstres sur les pistes
Dix machines sont réparties sur le domaine skiable: cinq à Bretaye, deux à Gryon et trois aux Diablerets. De très gros engins: une machine standard mesure six à sept mètres de large. Elle pèse huit à neuf tonnes, jusqu'à 12 tonnes pour les dameuses à treuil.
Le treuil augmente la puissance et l'adhérence de la machine à chenilles et permet de travailler dans les endroits escarpés. 'Il aide à remonter les volumes de neige que les skieurs ont descendus pendant la journée', précise Adrien Jaggy.
Durant plusieurs heures, les chauffeurs de dameuses s'activent à lisser les bosses, étaler les tas de neige artificielle - lorsqu'il fait assez froid pour en produire - et compacter la poudreuse, quand il neige. En bref, remettre la piste en parfait état pour les skieurs le lendemain.
Rouler sur des oeufs sans les casser
Y a-t-il moins de travail lorsqu'il y a peu d'or blanc ? 'Au contraire, on a le double de travail. Il faut aller chercher la neige loin, dans ce qu'on appelle des carrières à neige, pour la mettre ensuite sur la piste. Préparer une piste dans ces conditions, c'est comme rouler sur des oeufs sans les casser', ajoute le spécialiste.
Le métier comporte ses beautés et ses dangers. 'Villars est un domaine familial. Il y a peu de risques d'avalanche', estime M. Jaggy. Un de ses soucis: les randonneurs nocturnes, pas suffisamment conscients des dangers des dameuses. De leur treuil surtout.
Danger mortel
Ce long câble d'acier est souvent invisible de nuit. De plus, il peut pénétrer sous la neige et ressortir brutalement. 'Le randonneur ne va pas voir ce câble en acier de 11 millimètres. Il peut se le prendre en pleine tête', avertit Adrien Jaggy.
Ce travail, c'est aussi la beauté du paysage la nuit dans la montagne et les rencontres avec les bouquetins, les chamois, les lièvres et les renards. 'Une fois, un renard était assis à côté du câble. Comme s'il attendait qu'on passe'.
/ATS