La grippe constitue un danger de taille, mais les Suisses restent sceptiques face à la vaccination. Ce paradoxe ressort du dernier sondage représentatif annuel sur les virus.
L'enquête confirme aussi toute la confiance dans le médecin de famille et tout l'intérêt de bilans de santé réguliers. Ils étaient 72% des 1209 habitants des trois régions linguistiques à se déclarer favorable à de tels bilans, contre 70% un an plus tôt. Mais en aucun cas cette prévention doit être mise en place par l'Etat.
La responsabilité individuelle prime en l'occurrence, a indiqué l'Institut gfs.bern, auteur de l'enquête sur mandat de la Gilead Sciences Switzerland Sàrl, un groupe américain de biotechnologies spécialisé notamment dans le traitement des hépatites.
Des Suisses non couverts
Cette responsabilité semble cependant se fissurer quand il s'agit de se faire vacciner. Il apparaît que 43% de la population ne disposent d'aucune couverture vaccinale efficace, souligne l'institut.
Bien qu'elle soit erronée, la conviction de laisser faire Dame Nature, et de ne pas recourir à un stade précoce à des médicaments, a la vie dure, constate encore gfs.bern. Elle s'inscrit tout à fait dans le principe de 'ce qui ne me tue pas me rend plus fort'.
Et les auteurs de l'étude d'en déduire que le vaccin semble donc plutôt être du domaine irrationnel que médical. La vaccination antitétanique ainsi que celle contre l'hépatite C et la rougeole sont censées être adoptées par une majorité des personnes sondées, contrairement à la vaccination contre l'Ebola, le virus Zika, la grippe ou le VIH.
L'exception rougeole
Le cas du vaccin contre la rougeole illustre parfaitement cette contradiction. Il apparaît ainsi que la campagne d'information des autorités fédérales a porté ses fruits. Il est ainsi frappant de constater que les personnes interrogées craignent de plus en plus d'attraper la grippe ou un rhume tout en refusant majoritairement la vaccination, note gfs.bern.
En règle générale, c'est au médecin de famille que les personnes interrogées font le plus confiance. Il serait dès lors tout à fait indiqué de revaloriser son image. En cas de troubles de la santé, le patient entretient en effet avec son médecin une relation directe, privilégiée, basée sur la confiance. Le médecin traitant est parfaitement bien placé pour intervenir dans le comportement de la population, selon les auteurs de l'étude.
Agences de voyage
En lien avec le virus zika précisément, les sondeurs ont en outre constaté, pour la première fois depuis l'instauration du baromètre de virus, que les grands voyageurs accordent une attention accrue à la vaccination. Ainsi à la réservation de leur voyage, ils pourraient être intéressés par les recommandations y afférentes.
De ce constat comme de l'ensemble des résultats de l'enquête, il apparaît que si l'on souhaite promouvoir l'acceptation du dépistage et de la prévention, il sera judicieux de miser sur des systèmes d'incitation et une information ciblée. Celle-ci devra être prodiguée par les acteurs clés tels que le médecin traitant, les professionnels de la santé et les bureaux de voyage.
/ATS