Lors de leur réunion spéciale sur l'Afghanistan, les ministres de l'Intérieur de l'UE ont discuté migrations vers l'Europe et menace terroriste. L'UE veut à tout prix éviter une situation comme celle de 2015, où environ un million de personnes ont gagné l'Europe.
'La direction est claire', a déclaré Karin Keller-Sutter mardi après la réunion à Bruxelles, ajoutant que l'accent doit être mis sur l'aide humanitaire en Afghanistan - en particulier pour les personnes les plus vulnérables, comme les femmes et les enfants. L'aide humanitaire pour les États environnants est également importante.
C'est pourquoi la Commission européenne a récemment annoncé son intention de fournir une aide humanitaire de 200 millions d'euros à l'Afghanistan et aux États voisins. La conseillère fédérale n'a pas pu dire si la Suisse allait, pour sa part, augmenter son aide humanitaire, car cela relève de la compétence du Département des affaires étrangères.
Programme de réinstallation
La Commission européenne avait également annoncé son intention de mettre en place un programme de réinstallation. Un fonctionnaire de l'UE a parlé de 30'000 personnes d'ici 2022.
La commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, n'a toutefois pas voulu donner de chiffres concrets avant la réunion. La réinstallation signifie le déplacement de personnes ayant particulièrement besoin de protection d'un pays de premier accueil vers un pays tiers sûr.
Crainte d'un 'effet d'attraction'
Selon Mme Keller-Sutter, les ministres de l'intérieur de l'UE ont toutefois réagi très prudemment à l'initiative de la Commission, beaucoup craignant un 'effet d'attraction', a-t-elle déclaré.
Le ministre autrichien de l'Intérieur Karl Nehammer, par exemple, a appelé à une admission purement volontaire des réfugiés afghans, tandis que son homologue allemand Horst Seehofer s'est prononcé contre des quotas concrets de réinstallation.
La cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) a laissé ouverte la question de savoir si la Suisse participerait un jour à un programme de réinstallation de l'UE, si celui-ci devait voir le jour. Elle a déclaré qu'il était bien trop tôt.
Elle a toutefois évoqué le programme suisse de réinstallation, précisant que Berne avait déjà approuvé un contingent de 1900 personnes pour les années 2022 et 2023, qui pourrait être adapté si nécessaire.
Lutter contre les trafiquants
La priorité de Karin Keller-Sutter dans le cas de l'Afghanistan est 'une approche coordonnée de la Suisse avec les Etats de l'UE et les organisations de l'ONU'.
Selon Mme Keller-Sutter, les États européens doivent également se mettre d'accord sur des mesures communes pour lutter contre les trafiquants: 'C'est la seule façon d'empêcher les incitations à la migration irrégulière et d'empêcher les gens d'entreprendre le dangereux voyage vers l'Europe', a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse de son département.
Mme Keller-Sutter a regretté que les ministres aient à peine discuté de la révision du système européen d'asile et de migration. Avant la réunion, elle avait appelé à faire avancer cette révision, bloquée jusqu'à présent.
Terrorisme
Le thème de la sécurité a également été abordé lors de la rencontre. Selon la cheffe du DFJP, l'Afghanistan est un pays prioritaire pour les services de renseignements.
Les États de l'UE craignent notamment la menace que représentent les migrants individuels. Des exemples ont été donnés 'de grands criminels qui ont été expulsés d'États européens et renvoyés en Europe par des vols d'évacuation', a déclaré Mme Keller-Sutter.
Les ministres ont donc convenu que de bons contrôles de sécurité étaient nécessaires et que la situation en Afghanistan ne devait pas entraîner de nouveaux risques pour la sécurité des États européens.
/ATS