Le projet de budget 2022 de l'Etat de Genève prévoit un déficit de 460,2 millions de francs. Le contexte reste marqué par la crise sanitaire, mais le canton s'attend à une forte croissance des revenus fiscaux, signe de la résilience de l'économie genevoise.
'La croissance est de retour, mais de manière différenciée selon les secteurs', a relevé jeudi le président du Conseil d'Etat Serge Dal Busco. L'horlogerie, le négoce international et les activités financières affichent une reprise robuste alors que l'hôtellerie et le tourisme sont toujours fortement touchés, a-t-il ajouté.
Les revenus progressent de 521,7 millions par rapport au budget 2021 (+6,1%), principalement grâce à l'augmentation des rentrées fiscales (+462 millions). La hausse de la part aux bénéfices de la BNS y contribue aussi (+117,3 millions), de même que la péréquation intercantonale (+21,3 millions) et à la rétrocession d'une partie du bénéfice de l'Aéroport de Genève (+14 millions).
La crise économique ne semble pas affecter les recettes fiscales, mais en même temps la crise sociale entraîne une forte augmentation des besoins de la population. Pour l'exécutif, il s'agit d'un 'covid social long'. Le gouvernement, présent in corpore pour défendre ce budget, compte y répondre en développant les prestations sociales.
Les communes
Au total, les coûts liés à la crise sanitaire sont estimés à 180 millions, selon la ministre des finances Nathalie Fontanet. Le Conseil d'Etat veut aussi allouer 315 nouveaux postes (+1,8%) pour répondre aux besoins en matière de formation, de numérique et de sécurité.
Malgré l'augmentation des dépenses sociales, le Conseil d'Etat a contenu la hausse des charges à 1,4% (+ 135 millions), soit en dessous de son objectif de 2%, relève-t-il. L'exécutif mise sur des réformes, qui doivent encore être avalisées par le Grand Conseil, pour faire des économies.
Il compte sur une nouvelle répartition de la facture sociale entre le canton et les communes (soit une économie de 41,7 millions). L'exécutif veut aussi modifier la répartition de la charge LPP employeur-employé pour les nouveaux assurés (-2,5 millions). Au total, ces mesures structurelles atteignent 46 millions. Le versement de l'annuité, source de conflit social annoncé, est assuré en 2022.
Transition énergétique
Autre volonté affichée par le gouvernement: des investissements massifs, en hausse de près de 3 milliards sur dix ans (+37%), à 11,1 milliards. Cette manne vise à accélérer les transitions énergétique (5,9 milliards) et numérique ainsi qu'à soutenir l'économie et l'emploi.
Au final, le projet de budget 2022 affiche des charges de fonctionnement de 9,49 milliards pour des revenus de 9,03 millliards. Selon le plan financier quadriennal 2022-2025, la réserve conjoncturelle de 772 millions est suffisante pour absorber les déficits supérieurs aux limites du frein au déficit.
Refus annoncé
Il s'agissait du premier projet de budget du Conseil d'Etat genevois depuis qu'il a basculé à gauche en avril dernier. Le budget 2021 affichait un déficit historique de 847 millions en raison de la crise et de trois grosses réformes. Il avait été accepté suite à un accord entre le PLR, le PS, le PDC, les Verts et le MCG qui voulaient éviter une crise institutionnelle.
Ce scénario ne devrait pas se répéter. Le PLR a annoncé son refus du projet de budget en l'état, critiquant les 'maigres porpositions d'économie'. Pour le PDC aussi, les réformes structurelles sont insuffisantes. Les deux partis viennent de lancer une initiative afin de limiter la hausse du nombre de fonctionnaires. Le MCG critique un budget 'très dépensier' alors que l'UDC dénonce 'une fuite en avant'.
A gauche, les Verts saluent la prise de conscience du gouvernement pour agir en faveur du climat. Le PS se réjouit d'un budget qui accorde des moyens supplémentaires à la formation, au social et à la santé. En revanche, les socialistes déplorent, comme Ensemble à Gauche, des mesures d'économie sur le dos de la fonction publique. Le Cartel intersyndical est aussi scandalisé: sur quatre ans le personnel se verra ponctionner de près de 180 millions, estime-t-il.
/ATS