Le nombre de tétras-lyres et de perdrix des neiges décline en Valais. La pression de la chasse pourrait en être l'une des causes. Le canton étudie la question dans un climat plus apaisé qu'en 2017, épaulé par la Station ornithologique suisse.
En Valais, les effectifs de tétras-lyres et de perdrix des neiges sont au coeur d'une controverse qui a atteint son apogée en novembre 2017. Le Conseil d'Etat valaisan prétend alors que les effectifs des deux espèces sont 'stables à long terme' dans le canton, et qu'une restriction de la chasse n'est pas nécessaire.
Une position qui a fait bondir la station ornithologique suisse et la société valaisanne de biologie de la faune (Faune VS). Les deux organisations ont rappelé que des études scientifiques montrent une baisse qui va jusqu'à 50% en 18 ans de l'effectif de lagopèdes alpins (ou perdrix des neiges) en Valais, et que les tétras-lyres 'paient toujours un lourd tribut au développement des sports d'hiver'.
Le Grand Conseil a finalement eu le dernier mot: par 83 voix contre 42 il a accepté, contre l'avis du gouvernement, le postulat de Brigitte Wolf (AdG) et de Manfred Schmid (PDC) demandant d'étudier une restriction de la chasse aux tétraonidés (tétras-lyres et lagopèdes alpins).
Autour d'une table
Depuis, le climat s'est détendu: 'Nous nous sommes rendu compte que nous devions améliorer notre échange d'informations et notre collaboration avec l'Etat du Valais', indique à Keystone-ATS Michael Schaad, biologiste à la Station ornithologique suisse.
Les experts des deux parties se sont retrouvés autour d'une table. Sur la base de leurs discussions, le service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF) a pris plusieurs mesures qui doivent permettre à terme d'évaluer la pression de la chasse sur les deux espèces.
40 zones de comptage
Depuis 2018, la population de tétras-lyres et de lagopèdes alpins est suivie dans quarante zones test de comptage, contre une dizaine jusque-là. Ce monitoring élargi est beaucoup plus représentatif, souligne Peter Scheibler, chef du SCPF.
Depuis 2018 également, les chasseurs doivent informer le garde-chasse de la région dans laquelle ils comptent tirer des tétraonidés. 'Cela va nous permettre d'analyser l'impact de la chasse dans les régions concernées et de comprendre pourquoi une région subit plus de pression qu'une autre; cela pourrait être en raison d'un accès plus aisé en voiture par exemple'.
Comme pour le chamois, le SCPF se réserve le droit de revoir à la baisse les quotas de tir des deux espèces si la météo a perturbé la nidification au printemps. 'Cela n'a pas été nécessaire en 2018', note Peter Scheibler.
Prochain arrêté quinquennal
En Valais, quelque 170 tétras-lyres (uniquement des mâles) et autant de lagopèdes alpins sont chassés en moyenne chaque automne. Selon le professeur Raphaël Arlettaz, les statistiques officielles montrent que les quotas ont régulièrement augmenté, passant pour la perdrix des neiges à une moyenne annuelle de 75 oiseaux tirés dans les années 90, à 110 dans les années 2000 et à 125 dans les années 2010.
Le service de la chasse attend les conclusions des analyses qui seront menées jusqu'en 2020 pour connaître l'impact réel de la chasse sur la population actuellement estimée à quelque 2100 tétras-lyres et 3200 lagopèdes alpins. C'est à la lumière de celles-ci qu'il rédigera l'arrêté quinquennal de la chasse 2021-2025.
/ATS