C’est un travail de titan : une archiviste suisse inventorie pendant un an les archives neuchâteloises stockées à Berlin. Les documents couvrent la période allant de 1707 à 1848, époque à laquelle la principauté dépendait du roi de Prusse.
Myriam Erwin tombe sur des pépites de la vie quotidienne neuchâteloise allant de 1707 à 1848. L’archiviste suisse est mandatée par l’association Neuchâtel-Berlin et les Archives Secrètes de l’Héritage Culturel de Prusse dans la capitale allemande. Elle a accès à des centaines de cartons qui ont miraculeusement survécu aux aléas de l’histoire et qui retracent l’ensemble des relations (essentiellement sous forme de correspondance à ce stade des travaux) entre la principauté de Neuchâtel et le roi de Prusse.
Jusqu’à présent, ces cartons n’ont pratiquement jamais été analysés, sinon par quelques spécialistes ou étudiants de l’histoire neuchâteloise. Le travail de Myriam Erwin est d’en inventorier le contenu, ne serait-ce que sommairement, afin de pouvoir le rendre plus largement accessible aux historiens et au public. Un travail titanesque qui doit s’échelonner sur un an. RTN a rendu visite à l’archiviste.
« En arrivant ici, je n’ai plus trop réfléchi », explique l’archiviste. « On commande une boîte, on ouvre les fourres et on met le nez dans les dossiers ».
« Je garde un œil sur les besoins formulés à Neuchâtel. »
Là, Myriam Erwin découvre la vie quotidienne des Neuchâtelois qui s’adressaient au roi afin de faire valoir leur requête. Ensuite, « je fais des notices de description sur les archives. Et je garde aussi un œil sur les besoins formulés à Neuchâtel : je sais par exemple que si je retrouve les plans des anciennes prisons, cela serait utile. De même que tout ce qui concerne la gestion des forêts ».
La relation entre les Neuchâtelois et leur suzerain est « brute de décoffrage, décomplexée. Il y a des formules de politesse et d’usage. Mais la classe dirigeante n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Et elle n’hésite pas à utiliser la médiation du suzerain pour faire avancer ses intérêts propres. »
« J’ai vécu cela comme très rafraichissant. »
« Certains décrivent toute leur vie ce qu’ils ont fait avant, ou font l’éloge de leur famille et de leurs enfants. On découvre le parcours de médecins ou d’artisans qui viennent s’installer à Neuchâtel et qui s’annoncent au roi de Prusse. On observe aussi des anecdotes de la vie quotidienne telles que le brouillard, jugé responsable d’une maladie contagieuse ou encore l’effondrement d’une maison à la suite d’une brève secousse tellurique. On lit aussi la description de l’appartement du concierge du Château, qui a son propre poulailler, et où il range son bois de chauffage. Si on lui enlève des pièces alors que toute sa famille vit là, où ira-t-il loger ? Ce sont des échanges très concrets » qui émergent de ces documents. Des documents qui seront inventoriés et valorisés d’ici mars prochain. /aju