Quand les moisissures s’invitent dans votre logement

Devenir propriétaire peut virer au cauchemar lorsque l’aération et l’humidité des pièces se ...
Quand les moisissures s’invitent dans votre logement

Devenir propriétaire peut virer au cauchemar lorsque l’aération et l’humidité des pièces se révèlent problématiques. Les démarches pour déterminer qui paie les réparations sont parfois compliquées. Le point avec deux spécialistes.

Les moisissures qui s'invitent dans un logement peuvent se transformer en véritable casse-tête pour les habitants. (Photo d'illustration: GVM Assainissements). Les moisissures qui s'invitent dans un logement peuvent se transformer en véritable casse-tête pour les habitants. (Photo d'illustration: GVM Assainissements).

Un mur tapissé de moisissures peut transformer votre vie de propriétaire en parcours du combattant. Une famille du quartier de La Coudre à Neuchâtel, qui souhaite rester anonyme, en a fait l’expérience. En janvier 2023, les parents découvrent que leur chambre à coucher est emplie de moisissures, alors que l’immeuble avait été inauguré en 2018. Ils sont alors contraints de jeter leurs matelas, plusieurs meubles et une grande partie de leurs vêtements. Les autres habits seront sauvés à coup de multiples lessives désinfectantes et d’importants frais de pressing. Le couple doit aussi dormir dans son salon durant plusieurs semaines sur des matelas de camping.

La source du problème finit par être identifiée : il s’agit d’un local, qui n’était pas prévu dans les plans, et qui se situe sous la chambre à coucher en question. Comme il n’est pas chauffé, le taux d’humidité y est très élevé et se révèle à l’origine des moisissures dans le logement du dessus.

Face à cet élément, l’entreprise générale a accepté de prendre en charge les travaux après des négociations sur le prolongement de la garantie.


L’importance de bien connaître son domicile

L’entreprise GVM Assainissements à Cortaillod est spécialisée dans les problèmes de moisissures, d’aération et de mauvaises odeurs. Elle gère en moyenne 250 dossiers de ce genre chaque année dans le canton, mais aussi plus largement en Suisse romande et en France voisine, indique son directeur Marcel Meyer. À ses yeux, tout type de bâtiment peut rencontrer des problèmes de moisissures, qu’il soit neuf, ancien ou fraîchement rénové. Pour éviter les problèmes, il s’agit selon lui de « bien connaître son bâtiment » et de « savoir comment il respire ». Selon Marcel Meyer, les nouvelles constructions, plus hermétiques, nécessitent généralement d’être aérées plusieurs fois par jour. Il recommande d’éviter de coller les meubles aux murs extérieurs et d’aérer dès que l’on crée de l’humidité, en cuisant un plat de pâtes ou en faisant sécher du linge à l’intérieur, par exemple.

En ce qui concerne les nouvelles constructions, Marcel Meyer pointe du doigt les délais extrêmement courts observés parfois entre le début du chantier et la remise des clés. « Si on ne laisse pas s’échapper l’humidité avant qu’on vienne poser des rideaux et des canapés, on va arriver dans un effet aquarium », dit-il.

Marcel Meyer : « Dans les deux semaines, la moisissure peut proliférer. »

Marcel Meyer, directeur de GVM Assainissements à Cortaillod. Marcel Meyer, directeur de GVM Assainissements à Cortaillod.

Selon lui, certaines gérances commencent à mieux prendre en compte ces problématiques et à mettre en place des assèchements préventifs, avant l’arrivée des locataires ou des propriétaires. L’objectif est d’éviter des litiges parfois complexes pour déterminer qui est responsable du défaut et qui prendra en charge les réparations.


Une nouvelle législation plus favorable aux acquéreurs et aux maîtres d’ouvrage

Une révision du code des obligations entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Elle facilitera la vie des acquéreurs et des maîtres d’ouvrage.

À partir de cette date, ceux-ci auront un délai de 60 jours pour signaler les défauts qui seraient apparus. « C’est beaucoup plus long que le délai actuel qui était de sept jours », explique Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise.

Une autre amélioration se profile pour les nouveaux propriétaires : ils pourront se tourner vers le vendeur en cas de défaut. C’est à celui-ci que reviendra la tâche de mandater les éventuelles expertises nécessaires et de désigner les responsables. « Jusqu’à maintenant, l’acquéreur devait cibler les maîtres d’état qui étaient potentiellement responsables et ça passait souvent par une expertise qui est coûteuse », résume Yann Sunier.

Yann Sunier : « Ça sera plus facile pour l’acquéreur, car il n’aura plus qu’un seul interlocuteur à ce niveau-là. »

Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise. Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise.

Pour le directeur de GVM Assainissements, mieux vaut éviter de s’attaquer soi-même au problème. « Ça ne sert à rien d’enlever les moisissures. Il faut s’attaquer à la cause », explique Marcel Meyer. Il peut même se révéler dangereux selon lui de tenter de nettoyer soi-même le champignon, avec le risque de répandre les spores dans la pièce. L’entreprise travaille notamment avec des extracteurs d’air pour absorber ces spores lors du traitement.

Marcel Meyer : « La première chose, c’est de comprendre que le champignon peut être dangereux. »

Pour nos deux interlocuteurs, éviter les problèmes passe aussi par une bonne communication au moment de la remise des clés. Les occupants du logement ont aussi une part de responsabilité pour assurer une bonne aération des lieux, « sans parler évidemment de ne pas générer de l’humidité par exemple en suspendant de la lessive ou en ayant une trop grande quantité de plantes vertes », indique Yann Sunier.

Yann Sunier : « Ça nécessite peut-être, dans certains cas, quelques explications avant l’emménagement. »

Pour le directeur de la Chambre immobilière, il est toutefois inévitable de passer par quelques corrections de petits défauts quand on acquiert un bien. /sbm


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