Deux loups dans les couloirs du Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel

Depuis le 3 septembre, un loup et une louve ont rejoint la collection permanente de l'établissement ...
Deux loups dans les couloirs du Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel

Depuis le 3 septembre, un loup et une louve ont rejoint la collection permanente de l'établissement. Derrière ces deux spécimens, beaucoup d’heures de travail et un homme, Martin Zimmerli, taxidermiste au Muséum depuis près de quarante années.

Le loup et la louve qui ont intégré le Muséum, le 3 septembre. Le loup et la louve qui ont intégré le Muséum, le 3 septembre.

Si vous entrez dans le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, il se peut que vos pas croisent ceux de deux loups aux aguets, abrités dans les méandres des dioramas. Si c’est le cas, ne vous en faites pas, ces deux spécimens ne risquent pas de vous mordre. Ils sont l’œuvre de Martin Zimmerli, taxidermiste au Musée depuis 1985. Installés depuis le 3 septembre, ces deux loups ne sont pas ici pour faire débat, mais bien pour être observés. Et en effet, quand on arrive sur les lieux, c’est une impression d’intrusion qui prend le pas sur la surprise. Loin de prêter attention aux visiteurs et visiteuses, le loup et la louve semblent se découvrir, à la fois curieux et inquiets. Interrogé à ce sujet, Martin Zimmerli explique que « l’objectif est que le public puisse observer cette scène comme si elle était réelle. » Et s’ils étaient vraiment dans leur milieu naturel, qu’est-ce qu’il se passerait après ces premières observations ? À cette question aussi, le taxidermiste a une réponse. « Comme on peut souvent l’observer lorsque deux chiens se rencontrent, les deux loups se sentiraient mutuellement et iraient renifler leurs arrière-trains respectifs. Il s’agirait alors de voir s’ils ont un intérêt à vivre ensemble pour un temps ».

Martin Zimmerli : « Le mâle arrive et découvre la femelle, c’est l’idée de la mise en scène. »

En situation réelle

Si Martin Zimmerli laisse entendre que les dioramas du musée sont pleins, ne permettant pas d’y ajouter deux loups, la présence des deux canidés en plein couloir n’est pas uniquement due à un manque de place. Comme le taxidermiste le précise, « on les a vraiment exposés au cœur de l’espace de manière à ce que le public puisse les approcher comme il le veut. » En effet, les deux animaux ont été préparés avec des méthodes modernes, permettant aux visiteurs de les toucher sans risque lié à des substances potentiellement toxiques. « Ça change tout pour beaucoup de visiteurs, surtout pour les jeunes. C’est tellement important de pouvoir regarder avec ses doigts et ainsi, changer de perspective. »

Enjeu de conservation

La taxidermie actuelle s’éloigne bien de ce qu’il se faisait à l’époque. La plus grande différence réside dans le matériau à l’intérieur de l’animal. À l’heure actuelle, Martin Zimmerli travaille avec des méthodes « muséologiquement correctes », c’est-à-dire qu’il œuvrera pour conserver la peau de manière à ce qu’elle reste stable et supporte les changements de température et de taux d’humidité à travers les siècles. Dans la continuité, il choisit également d’utiliser du polyéthylène lors de la construction des corps artificiels, afin d’assurer la conservation de l’animal sur le long terme. Comme il le précise, « je pourrais me contenter d’acheter des corps en polyuréthane sur catalogue, mais ça vieillit mal. » Ainsi, même s’il y perd « des douzaines et des douzaines d’heures de travail », le taxidermiste préfère assurer la longévité de ses œuvres.

Étapes pratiques

À l’heure actuelle, Martin Zimmerli travaille sur un chevreuil. Comme il la décrit, la taxidermie consiste en une succession d’étapes précises. Après avoir monté le corps, il faudra prendre la peau « et l’enfiler comme un pyjama ». C’est un travail de grande précision qui est demandé ici. En effet, « si vous avez un pyjama qui est un peu trop petit, ça ne va pas rentrer. » Afin de s’assurer de conserver les bonnes dimensions, le taxidermiste s’appuie donc sur les plans qu’il réalise en amont des montages.

« Comme un pyjama qu’on applique sur le corps. »

Martin Zimmerli tient le plan qu’il suit pour la taxidermie du chevreuil qu’il est en train de réaliser. Martin Zimmerli tient le plan qu’il suit pour la taxidermie du chevreuil qu’il est en train de réaliser.

/mkr


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