Cilette Ofaire, Cécile Cellier ou encore Hélène Dubied-Chollet, autant de noms de femmes oubliés par l’histoire de Neuchâtel. Mardi, la Ville a publié 50 notices biographiques destinées à mettre en lumière des personnalités féminines qui ont marqué la cité. Des noms qui pourront participer plus tard à la féminisation des rues
Elles ont marqué la cité de Neuchâtel ou ont été marquées par celle-ci. Cilette Ofaire, Cécile Cellier ou encore Hélène Dubied-Chollet, autant de noms de femmes oubliées par l’histoire. Des artistes, politiciennes, paysannes, des femmes sorties de l'ombre dans le cadre d'un projet mandaté par la Ville de Neuchâtel. Celle-ci a publié ce matin, en collaboration avec l’Université de Neuchâtel, une liste de 50 notices biographiques de femmes - ou groupes sociaux méconnus - qui ont fait partie de la vie de Neuchâtel et qui pourtant n’ont pas été retenus par la mémoire collective. Un projet qui vise, à terme, à faire connaître ces femmes « longtemps écartées de la vie publique et à utiliser ces noms pour rendre l’espace public plus inclusif », précise Nicole Baur, conseillère communale.
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À Neuchâtel, seulement 7% des rues portent un nom féminin. Un chiffre que la Ville espère faire changer grâce à cette base de données qui rassemblent des femmes peu ou pas du tout connues, issues de milieux variés et de périodes historiques diverses. Le but était de représenter toute la diversité des femmes qui ont marqué et fait la cité.
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Mais partir à la recherche de femmes invisibilisées, c’est se heurter aux vies dont on a parfois perdu la trace. Mandaté en 2022, l’Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel a mis en œuvre diverses stratégies. « Parfois on ne trouve rien dans les documents », explique Kristina Schulz, professeure et directrice de l’Institut d’histoire.
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Choisir 50 noms, c’est aussi renoncer à d’autres. L’Institut a établi divers critères. Il fallait par exemple tenir compte de la diversité dans les groupes sociaux et dans les périodes historiques, mais aussi rassembler des personnes de la vie politique comme de la vie quotidienne. Un travail qui a permis de mieux connaître des personnalités étonnantes, telles que Arlette L., la première femme transgenre, ou encore Isabelle de Neuchâtel, ancienne comtesse de 1373.
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Pour accompagner ces notices biographiques, l’illustratrice Agathe Borin a fourni 50 portraits. Mais pour donner vie à des personnalités oubliées, sur lesquelles on peut manquer de références visuelles, ça demande parfois de s’adapter. « Je n'ai pas eu les mêmes sources et les mêmes références pour toutes les notices », explique l'illustratrice Agathe Borin.
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À l'avenir, la Ville souhaite continuer à féminiser les noms de rues et pourra piocher dans cette liste de personnalités. En attendant, les notices et leur illustration seront disponibles sur le site de la Ville et dans le journal communal N+. /agy