Stocker nos données sur l'ADN, le projet de la Haute Ecole Arc

L’idée d’imiter la nature pour utiliser l’ADN comme disque dur va pouvoir se concrétiser grâce ...
Stocker nos données sur l'ADN, le projet de la Haute Ecole Arc

L’idée d’imiter la nature pour utiliser l’ADN comme disque dur va pouvoir se concrétiser grâce aux technologies développées dans la région

Jérôme Charmet, professeur à la Haute Ecole Arc Ingénierie, devant l'innovation des « micro-usines ». Jérôme Charmet, professeur à la Haute Ecole Arc Ingénierie, devant l'innovation des « micro-usines ».

Le stockage des données est un enjeu critique majeur au XXIe siècle. Les systèmes actuels, disques durs et bandes magnétiques en tête, ne sont viables ni économiquement, ni écologiquement. En effet, les data centers consomment à eux seuls 2% de l’électricité produite dans le monde et rejettent plus de CO2 que l’aviation civile. Jérôme Charmet, professeur à la Haute Ecole Arc Ingénierie, confirme : « D’ici quelques décennies nous ne pourrons plus subvenir à nos besoins croissants en données digitales ». La solution ? Utiliser l’ADN synthétique. Puisque le système de stockage génétique existe dans la nature, pourquoi ne pas l’appliquer à l’archivage des données numériques ?

Jeudi au Parc technologique de St-Imier, la Haute Ecole Arc Ingénierie et l’Université de Genève ont présenté à la presse cette méthode alternative qu’elles ont initiée au travers du projet DNAMIC (pour « DNA microfactory for autonomous archiving »). Ce dernier a été lancé officiellement début octobre en Lituanie, siège de la coordination. La Suisse, bien qu’exclue des projets de recherche européens, n’en reste pas moins l’initiatrice et l’architecte.

Jérôme Charmet précise que le procédé relève de la biochimie : « Comme on encoderait une donnée digitale en binaire avec des 0 et des 1, ici nous allons synthétiser, rajouter une suite de lettres, celles de l’ADN biologique, A, C, T et G ».

L’idée comporte plusieurs avantages : l'ADN permet de stocker les données 15 fois plus longtemps qu'un support magnétique, sa durée de vie est beaucoup plus longue et les générations futures posséderont toujours les technologies qui permettront de relire ces données.

Jérôme Charmet : « L’ADN, c’est le plus vieux système de stockage au monde »

Le procédé de stocker des données numériques sur de l’ADN a été initié il y a 60 ans déjà, mais ce n’est qu’avec les technologies actuellement développées par la Haute Ecole Arc et ses partenaires qu’un modèle d’encodage et de décodage des données pourra permettre au processus de se concrétiser.

Dans le cadre du projet appelé MicroLean Lab, l’école travaille sur un concept de micro-usines d’archivage qui sera autonome. À terme, un archiviste pourra utiliser la machine pour entrer une information, l’encoder, la synthétiser, la stocker, puis la retrouver simplement, sans passer par une quinzaine de spécialistes.

Jérôme Charmet : « L’ADN se conservera mieux sous forme de poudre, dans des petites fioles »

Financé à hauteur de cinq millions de francs par le programme de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation « Horizon Europe », le projet DNAMIC se déroule sur trois ans, du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2026. Il regroupe aujourd’hui sept partenaires académiques ou industriels. /cro


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