La Haute Ecole Arc Ingénierie organisait ce mercredi une rencontre entre ses étudiants de dernière année et des potentiels employeurs. Jamais autant de professionnels n’avaient répondu présents, signe d’une pénurie qui frappe le domaine
Un manque d’ingénieurs touche le marché du travail. C’est le constat de la HE-Arc ingénierie qui organisait ce mercredi une rencontre entre étudiants de dernière année et industries à Neuchâtel. Cette année, 27 entreprises ont participé à l’événement, un record qui a obligé le forum emploi à doubler son nombre de sessions. « On sent que nos partenaires ont besoin de monde en ce moment », observe Didier Rizzotti, directeur adjoint du domaine ingénierie à la HE-Arc.
Des causes inconnues
Cette pénurie est difficile à expliquer pour la HE-Arc et les entreprises rencontrées. « On a toutefois ressenti un fort redémarrage après le covid », constate Didier Rizzotti. « On voit que le monde industriel est vraiment en ébullition actuellement. »
Pour l’instant, cette pénurie ne semble toutefois pas être critique. « On arrive malgré tout à trouver des profils intéressants en étant plus ouverts sur d’autres cantons et sur le reste de l’Europe », explique Julie Rivoire, business partner pour l’entreprise neuchâteloise Comur. Didier Rizzotti constate en effet que les partenaires de la HE-Arc arrivent pour l’instant à trouver « le minimum vital » d’ingénieurs. « C’est clair que les industries mettent plus d’effort dans le recrutement et qu’il y a plus de concurrence entre elles », affirme-t-il.
Julie Rivoire : « On essaie d'être de plus en plus visibles. »
Un manque ciblé
S’il s’agit d’une pénurie générale, elle touche toutefois certains secteurs plus que d’autres, nuance Didier Rizzotti : « C’est notamment visible pour nos informaticiens qui sont très recherchés, mais aussi pour les diplômés de notre nouvelle filière ingénierie et gestion industrielle. Elle répondait à un besoin du terrain. On voit que la demande est forte alors que le cursus est encore tout jeune et n’attire pas encore beaucoup de monde ».
Didier Rizzotti, directeur adjoint du domaine ingénierie à la HE-Arc
Selon Csilla Miko, responsable innovation pour Comadur, leur entreprise n’est pas touchée par une pénurie au niveau du développement des logiciels. « Par contre, quand on a des problèmes mécaniques, on a de la peine à recruter car les jeunes ont peur de toucher les machines », souligne-t-elle.
Seul point positif de cette situation, certains étudiants envisagent ce besoin de main d’œuvre comme une aubaine pour leur avenir professionnel. C’est le cas de Mael Cuche, étudiant en 3ème année d’ingénierie en conception de systèmes mécaniques à la HE-Arc : « On entend dire qu’il y a une pénurie et j’ai l’impression que les entreprises ont de l’intérêt donc c’est plutôt bon signe pour nous. »
La HE-Arc également touchée
Les entreprises ne sont pas les seules à être en difficulté. « Ce n’est pas parce qu’il y a une pénurie d’ingénieurs dans l’industrie que davantage de jeunes vont vouloir suivre notre cursus. Au contraire, les CFC sont aussi plus demandés. Ces profils sont aspirés par l’industrie avec des meilleurs salaires et auront moins tendance à poursuivre leur formation », regrette le directeur adjoint du domaine Ingénierie. Selon Didier Rizzotti, la HE-Arc ressent l’effet de ce phénomène, bien que cette année ait été meilleure que la dernière au niveau des recrutements.
Didier Rizzotti : « Plus l’industrie a besoin d’ingénieurs, moins de jeunes suivent cette formation. »
C’est aussi en tant qu’employeur que la HE-Arc subit cette pénurie. Chaque année, elle engage une quinzaine de diplômés en tant qu’assistants de recherche. Là aussi, il devient de plus en plus difficile de les recruter. /cde