Décrocher une place en structure parascolaire relève du parcours du combattant pour certains parents neuchâtelois. La demande dépasse largement l’offre, notamment à Dombresson. La structure Les P’tits Flocons compte 30 places en crèche et 15 places en parascolaire, mais chaque année, sa directrice doit refuser une vingtaine de demandes pour des enfants en âge d’aller à l’école.
Des contrats devront être résiliés
Les inscriptions s’accumulent en ce moment même sur le bureau de Nahidud Amaya, mais la directrice des P’tits flocons sait d’ores et déjà qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde et qu’il va même falloir résilier certains contrats, parce que la priorité va aux plus jeunes enfants, soit à ceux scolarisés de la 1re à la 4e année. Cette année, Nahidud Amaya va devoir refuser entre 3 et 10 demandes par tranche horaire proposée, selon ses projections. Elle se prépare à résilier au minimum le contrat d’enfants qui arriveront en 5e année en août. Dès ce degré-là, les enfants peuvent se tourner vers les Tables de midi, proposées par la Commune pour le repas de la mi-journée.
Nahidud Amaya, directrice des P'tits flocons :
La structure donne aussi la priorité aux enfants qui occupent une place à 100% dans la journée, ainsi qu’aux frères et sœurs, afin que les enfants d’une même fratrie soient tous pris en charge au même endroit. Tous les besoins ne sont clairement pas couverts. Laetitia Schneider en sait quelque chose. Cette mère de deux enfants a vu le contrat de son fils résilié au P’tits flocons depuis août dernier, étant donné qu’il est entré en 5e année. Elle a pu décrocher de justesse une place aux Tables de midi, mais son garçon de 9 ans a dû apprendre à rester seul en fin d’après-midi à la maison.
Laetitia Schneider :
Une autre mère, Laurence Jampen, a été avertie qu’il n’y aurait peut-être pas de place en parascolaire pour sa fille qui va entrer en 1re année à la rentrée d’août, alors même que son enfant était à la crèche des P’tits Flocons depuis ses 6 mois. Il est par ailleurs impossible de se tourner vers des parents d’accueil de jour. L’Association cantonale neuchâteloise de l’Accueil familial de jour affiche complet en parascolaire sur l’ensemble du canton. Il reste quelques places en préscolaire, selon le secrétaire général de l’AFJ Xavier Babey, mais la demande est aussi en augmentation.
Carla Oliveira est quant à elle maman d’une fille de 8 ans qui entrera en 5e année en août. Elle ne se voit pas la laisser seule si la place en parascolaire lui est refusée. Son unique solution : demander à ses parents, qui habitent au Portugal, de se relayer auprès de son enfant au fil des semaines.
Un père, qui souhaite rester anonyme, risque lui aussi de se voir refuser la prise en charge de ses deux enfants qui arriveront respectivement en 6e et en 4e année à la rentrée. Sans place en parascolaire, « ce sera la galère », dit-il. Pour ce père, cette période d’inscription est chaque année une source de « gros stress ».
Association pour un parascolaire aux Geneveys-sur-Coffrane
Aux Geneveys-sur-Coffrane, des parents ont lancé une association avec l’objectif de créer une structure d’accueil parascolaire. Pour l’heure, il n’y a rien dans le village selon l’une des membres, Marie Lardon. L’Association de soutien au parascolaire des Geneveys-sur-Coffrane a également déposé une motion populaire munie de 150 signatures auprès de la Chancellerie communale mardi dernier pour appuyer sa démarche.
La Commune évoque un manque de moyens financiers
Les autorités de Val-de-Ruz évoquent les difficultés financières de la Commune pour expliquer ce manque de structures parascolaires, au nombre de six en mains publiques.
Le Conseil communal mise sur le projet MAE, Ma journée à l’école, pour améliorer la situation. Val-de-Ruz s’est proposé pour participer à la phase pilote, qui a toutefois été repoussée à une date ultérieure. Le projet aurait dû démarrer à la rentrée d’août.
Une solution se dessine par ailleurs aux Geneveys-sur-Coffrane. Une structure parascolaire pourrait être intégrée au projet d’extension du collège du Lynx, actuellement à l’étude, indique le conseiller communal en charge de l'éducation et de la jeunesse, Jean-Claude Brechbühler.
Jean-Claude Brechbühler, conseiller communal à Val-de-Ruz :
Quant aux parents qui ne trouvent pas de place à Dombresson, ils sont invités à tenter leur chance auprès de la structure Ancr’âge à Chézard-Saint-Martin, qui dispose d’une dizaine de places. Le transport des élèves est assuré entre les villages, indique Jean-Claude Brechbühler.
À titre de comparaison, 194 élèves sont actuellement scolarisés à Dombresson pour 15 places en parascolaire. À Chézard-Saint-Martin, en plus d’Ancr’âge, la structure parascolaire Passion et Chocolat compte 35 places alors que 160 élèves fréquentent l’école.
Une loi en révision sur le plan cantonal
À l’échelle cantonale, la révision de la Loi sur l’accueil des enfants (LAE) est actuellement entre les mains du Conseil d’État. Le Grand Conseil devrait être saisi du dossier d’ici la fin de l’année. Cette loi fixe notamment le taux de couverture en matière de places, qui s’élève à 30% pour le préscolaire, soit les crèches, et à 20% pour le parascolaire ; des taux que la Commune de Val-de-Ruz a atteints, selon Jean-Claude Brechbühler.
La question d’augmenter ces objectifs minimaux est en discussion dans le cadre de cette révision de loi, indique la conseillère d’État en charge de la formation, Crystel Graf. Elle précise que le Canton de Neuchâtel fait figure de bon élève. Il se classe au 2e rang en comparaison intercantonale avec 8'572 places pour 100'000 enfants de 0 à 15 ans. Malgré tout, la galère se poursuit pour de nombreux parents avec une offre qui reste insuffisante. /sbe