L’UniNE préfère travailler avec ChatGPT plutôt que l’interdire

Les universités suisses, dont l’alma mater neuchâteloise, se demandent comment réagir face ...
L’UniNE préfère travailler avec ChatGPT plutôt que l’interdire

Les universités suisses, dont l’alma mater neuchâteloise, se demandent comment réagir face aux possibilités offertes par l’IA à leurs étudiants. Une interdiction n’est pas envisagée pour le moment

L'application ChatGPT ébranle les communautés scolaires et universitaires. L'application ChatGPT ébranle les communautés scolaires et universitaires.

Imaginez un outil capable de répondre à toutes vos questions et de vous pondre un texte structuré et cohérent, en quelques secondes. Cet outil, longtemps fantasmé, existe aujourd’hui. Il s’agit de ChatGPT, une application lancée gratuitement en fin d’année par OpenAI, et qui permet aux utilisateurs de discuter par écrit avec une intelligence artificielle (IA).

L’efficacité de ce robot conversationnel est redoutable, et Internet ne manque pas d’exemples où l’IA produit un texte d’une précision bluffante. « Les sources ont été bien contrôlées, les informations sont donc véridiques », explique Jacques Savoy, professeur en charge de la chaire de linguistique computationnelle à l’Université de Neuchâtel. La longueur du texte reste limitée. Le but du système est « de répondre de manière concise à un problème relativement ouvert ».

L’IA bouleverse d’ores et déjà le monde de l’enseignement. Indétectable par les systèmes antiplagiat, ChatGP fait réagir les écoles et universités en Suisse. Martin Hilpert, vice-recteur en charge de l’enseignement à l’Université de Neuchâtel, confie avoir soumis son examen de première année en linguistique à l’IA. Il admet avoir été « inquiété » par les résultats qui pouvaient se confondre avec les réponses données par un vrai élève.

Pourtant, les limites de ChatGPT ne sont pas invisibles. Jacques Savoy mentionne notamment une utilisation très modérée des pronoms relatifs, quelques soucis de langue avec certaines tournures de phrase et des mots à double sens.

L’Université de Neuchâtel ne songe pas pour le moment à interdire cet outil à ses étudiants. Elle se demande au contraire comment l’intégrer dans les objectifs d’apprentissage et comment évaluer un travail effectué avec l’aide d’une IA. « C’est rarement une stratégie gagnante de s’opposer à l’innovation », admet Martin Hilpert.

Le vice-recteur reconnaît toutefois que l’intégration de ChatGPT ne sera pas facile. Il invite ses collègues à présenter l’outil et à en discuter avec leurs étudiants. « Cette IA offre de grandes possibilités, mais représente aussi de grands risques ». Par conséquent, il estime nécessaire de donner aux étudiants les compétences utiles pour travailler en bonne intelligence avec le robot conversationnel.

Parmi les risques soulevés par Martin Hilpert, le vice-recteur attire l’attention sur un en particulier. « Les différences de niveau entre les étudiants pourraient s’aggraver davantage. » Il explique que l’IA commet aujourd’hui encore un grand nombre d’erreurs factuelles. Or, l’étudiant qui ne connaît pas bien son sujet aura de la peine à les identifier. Celui disposant de connaissances pointues pourra au contraire utiliser l’outil et en tirer une amélioration significative de son travail.

ChatGPT est une évolution technologique suffisamment importante pour faire trembler Google, qui y voit un futur concurrent à son moteur de recherche. L’IA attise d’ailleurs la convoitise de Microsoft, prêt à aligner 10 milliards de francs pour s’en emparer. /dsa


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