La nouvelle exposition de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel retrace l’évolution de la langue dans la région. Si le français est aujourd'hui, à Neuchâtel comme dans le reste de la Suisse romande, la langue officielle, cela n’a pas toujours été le cas
La langue maternelle des Neuchâtelois n’a pas toujours été le français. C’est ce que rappelle la nouvelle exposition de la Bibliothèque publique et universitaire « Sur le bout de la langue », réalisée en partenariat avec le Glossaire des patois de la Suisse romande de l'Université de Neuchâtel. Inaugurée fin mai, l’exposition est ouverte au public jusqu’au 31 mars 2023. Elle se penche sur l'histoire linguistique neuchâteloise et suisse romande où, jusqu’au milieu – voire fin - du 19ème siècle, on parlait le patois.
Visite guidée en compagnie de Dorothée Aquino, adjointe à la direction au glossaire des patois de la Suisse romande :
Derrière l’actuelle unité linguistique de notre pays se cache en effet une réalité historique plus diverse et plus mouvementée qu'il n'y paraît. L’exposition retrace de manière chronologique les moments les plus importants de l’implantation de la langue française dans nos régions jusqu’à aujourd’hui.
Tout commence au Moyen Âge lorsque le français est importé en Suisse romande où il a ensuite coexisté pendant plusieurs siècles, plus ou moins harmonieusement, avec le latin et avec les parlers locaux. Une coexistence qui a marqué la langue que la population neuchâteloise parle aujourd’hui :
Dorothée Aquino : « Certains mots utilisés à Neuchâtel viennent du patois. C’est le cas de la dare ou du nom de famille Fivaz. »
L’histoire linguistique sur laquelle revient l’exposition se termine de nos jours car les derniers locuteurs patoisans sont entrain de disparaitre. Le recul du patois s’est d’ailleurs fait de manière plus rapide à Neuchâtel que dans le reste de la Suisse romande. C’est aussi le cas pour d’autres cantons protestants.
Dorothée Aquino : « Le français était la langue de la Réforme protestante. »
« Sur le bout de la langue » permet de comprendre pourquoi le français parlé à Neuchâtel n’est pas tout à fait le même que celui parlé à Lausanne, à Paris ou à Montréal. Il est imprégné de caractéristiques héritées de son histoire et des langues qu'il a côtoyées. Ces particularités font partie du patrimoine linguistique régional et définissent l'identité de sa population.
Dorothée Aquino : « Cette exposition permet au visiteur de voir que la langue qu’il pratique au quotidien est un héritage de sa région. »
L'exposition est accompagnée d'un ouvrage réalisé par Dorothée Aquino et Julie Rothenbühler et publié aux Éditions Alphil. Il s'intitule : Pourquoi parle-t-on le français en Suisse romande ? / comm-cde