La Suisse a sa part de responsabilité dans les violations des droits de l’homme liées à l’extraction d’or. C’est l’avis de deux organisations non gouvernementales qui dénoncent un vide dans la législation suisse pour faire face à ce genre de situation.
Action de Carême et Pain pour le prochain ont mené une étude au Burkina Faso. Il en ressort qu’environ 14'000 personnes ont été déplacées pour permettre l’exploitation de trois mines d’or. Le métal précieux est ensuite raffiné en Suisse et plus précisément à Metalor, entreprise basée à Neuchâtel.
L’étude montre que la situation des habitants déplacés s’est dégradée au Burkina Faso. Ceux-ci ont perdu les terres qu’ils cultivaient et qui assuraient leur subsistance. En effet, plus de 80% de la population vit de l’agriculture. Les sols sont aussi pollués par le mercure et le cyanure utilisés pour extraire l’or. La population manque également d’eau, largement utilisée dans le processus d’extraction. L’installation des mines n’a par ailleurs pas offert autant de postes de travail qu’espéré. Environ 500 personnes déplacées ont pu obtenir un emploi, alors qu’elles étaient 20'000 à postuler.
Finalement, l’exploitation artisanale de l’or par les habitants de la région n’est plus possible, alors que cette pratique était un moyen de subsistance de secours pour eux, en marge de l’agriculture.
Metalor se défend
Sur son site Internet, Metalor rejette le tableau dépeint par cette étude. L’entreprise indique travailler dans le respect des lois et des droits humains.
Les deux ONG maintiennent leur position et regrettent de ne pas savoir ce que met en œuvre Metalor pour éviter les violations des droits de l’homme, car l’entreprise ne publie pas de rapport à ce sujet, selon elles.
Action de Carême et Pain pour le prochain souhaitent, de manière générale, responsabiliser les grandes entreprises suisses actives à l’étranger. Elles soutiennent l’initiative « Pour des multinationales responsables », qui vise à inscrire dans la loi un devoir de diligence de la part de ce type de sociétés. À l’heure actuelle, le respect des droits de l’homme se fait sur une base volontaire, selon Doro Winkler, responsable des droits humains pour Action de Carême, qui souhaite que ce volontariat se transforme en obligation. Les auteurs de l’initiative ont jusqu’à septembre pour récolter les signatures nécessaires. /sbe