Face à une résurgence du nouveau coronavirus menaçant de déborder les services de santé, les autorités britanniques ont décidé lundi de fermer les pubs à Liverpool et de réactiver trois hôpitaux de campagne mis en place au printemps.
Avec plus de 42'800 morts, sans équivalent en Europe, et près de 618'000 cas positifs, le Royaume-Uni est confronté à une nouvelle vague de contaminations touchant maintenant l'ensemble de son territoire et toutes ses classes d'âge.
Déterminé à éviter un confinement général, le gouvernement conservateur a décrété des restrictions locales concernant désormais le quart de la population britannique, surtout dans le Nord, avec des différences devenues pour certains illisibles.
Alerte à trois niveaux
Après avoir dirigé une réunion de crise, le Premier ministre Boris Johnson a présenté aux députés un nouveau système d'alerte à trois niveaux, 'moyen', 'élevé' et 'très élevé' censé simplifier à partir de mercredi le patchwork actuel de restrictions pour l'Angleterre. Les autres nations sont compétentes pour appliquer leur propre dispositif.
Le premier niveau correspond aux mesures valables pour toute l'Angleterre: rassemblements limités à six personnes et fermeture à 22h00 pour les pubs et restaurants. A 'élevé', dans les zones actuellement sous restrictions locales, les réunions entre différents ménages seront proscrites à l'intérieur.
Dans les régions au niveau 'très élevé' des mesures supplémentaires seront appliquées avec le soutien des autorités locales, soutenues si besoin par l'armée.
Chemin étroit
Dans la région de Liverpool (près de 1,5 million de personnes), dans le Nord-Ouest, un accord a été trouvé pour fermer les pubs, bars, salles de gyms et casinos, tandis que des discussions sont en cours avec les élus d'autres zones du Nord de l'Angleterre.
'Je sais combien c'est difficile mais nous ne pouvons pas laisser tomber le service national de santé quand des vies sont en jeu', a plaidé le Premier ministre conservateur, confronté à la grogne d'une partie de son camp opposé à des mesures trop restrictives, difficiles économiquement.
'Ce n'est pas comme cela que nous voulons vivre, mais c'est le chemin étroit que nous devons tracer entre les dégâts socio-économiques d'un confinement complet et le coût économique d'une épidémie hors de contrôle', a-t-il justifié.
Hospitalisations en hausse
Les autorités sanitaires ont mis en garde sur la situation préoccupante dans les hôpitaux. Le nombre de personnes hospitalisées avec le Covid-19 en Angleterre est désormais supérieur à ce qu'il était lorsque le confinement a été décrété fin mars. Dans les régions les plus touchées, dans le Nord-Ouest, les services hospitaliers qui ne sont pas directement chargés de l'épidémie commencent à voir leur fonctionnement affecté.
Pour aider le système de santé à faire face, trois des vastes hôpitaux de campagne mis en place en catastrophe au printemps, et depuis mis en pause, ont reçu l'instruction 'de se mobiliser pendant les prochaines semaines pour être prêts à accueillir des patients si nécessaire', a annoncé le directeur médical du service de santé pour l'Angleterre Stephen Powis.
Ces établissements sont situés dans le Nord, mais d'autres pourraient suivre.
'Il n'y a toujours pas de traitement, toujours pas de vaccin pour le Covid-19. Cela veut dire malheureusement que, puisque les infections augmentent, le nombre de morts va augmenter', a averti M. Powis.
Réticences
Les nouvelles restrictions ont été accueillies avec hostilité par les élus locaux du Nord de l'Angleterre, qui jugent les mesures de soutien à l'emploi mises en place par l'exécutif insuffisantes et craignent de voir leur équilibre financier mis en péril.
S'inquiétant d'un effet 'catastrophique' sur le monde de la nuit de mesures 'injustes et sans logique scientifique', la fédération de bars et discothèques NTIA a annoncé vouloir les contester en justice.
Vendredi, le gouvernement avait annoncé de nouvelles mesures d'aide à l'emploi ciblant les entreprises qui sont forcées de rester fermées à cause des restrictions à l'activité pour lutter contre la pandémie.
Ces entreprises recevront jusqu'à 3000 livres (près de 3310 euros) par mois et leurs employés seront indemnisés à hauteur des deux tiers de leur salaire habituel.
/ATS