La présidente du Rassemblement National Marine Le Pen a été renvoyée en correctionnelle pour avoir diffusé en décembre 2015 des photos d'exactions du groupe djihadiste EI sur son compte Twitter, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Une juge d'instruction de Nanterre a rendu une ordonnance renvoyant Mme Le Pen sur la base d'un article du code pénal punissant la diffusion de messages violents susceptibles d'être vus par un mineur, a indiqué cette source, confirmant une information de BFMTV.
Le 16 décembre 2015, Mme Le Pen avait diffusé sur le réseau social une série de photos de propagande de l'EI, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir 'fait un parallèle' entre l'EI et le RN (alors FN). En dessous des clichés, elle avait écrit: 'Daech (nom arabe de l'EI, ndlr), c'est ça!'
Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.
Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, la publication de ces images très violentes avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.
Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même deux enquêtes visant Mme Le Pen et le député RN Gilbert Collard, qui avait diffusé des images similaires le même jour. Ce dernier a été renvoyé en correctionnelle pour la même infraction fin mars.
Plus tôt, le 19 décembre, le parquet de Nanterre avait requis un renvoi pour les deux élus, après trois ans d'instruction.
En septembre, Mme Le Pen s'était indignée d'une expertise judiciaire demandée dans le cadre de cette procédure, parlant d'une 'méthode' utilisée 'dans les régimes totalitaires' et refusant de s'y rendre. Cet examen est cependant prévu par la procédure pénale pour ce type d'infractions.
Elle avait alors diffusé sur le réseau social le document ordonnant cette expertise dans son intégralité: une nouvelle enquête a alors été ouverte, la loi interdisant la publication d'un acte de procédure judiciaire avant une audience publique.
Le 5 juin, elle a à nouveau utilisé Twitter pour fustiger une convocation aux fins de mise en examen dans cette seconde enquête, évoquant une 'persécution'.
/ATS