Des barrières de police devant la Trump Tower et le palais de justice de Manhattan: New York attendait toujours mardi en fin de soirée la possible inculpation pénale historique de l'ancien président des Etats-Unis Donald Trump.
Le millionnaire a lui-même assuré qu'il allait être arrêté dans l'affaire des pots-de-vin versés à une actrice pornographique. Mais la journée s'est terminée sans aucun signe d'inculpation ou d'arrestation.
Certains médias américains ont émis l'hypothèse qu'un grand jury pourrait voter une mise en accusation mercredi, mais qu'il faudrait peut-être attendre la semaine prochaine pour que le procureur de Manhattan annonce une inculpation. M. Trump comparaîtrait alors devant un juge après avoir été placé symboliquement quelques minutes en état d'arrestation.
Le procureur n'a confirmé aucun projet publiquement et les grands jurys opèrent en secret pour éviter le parjure ou la subornation de témoins avant les procès, ce qui rend pratiquement impossible le suivi de leurs procédures.
130'000 dollars
Dans un dernier communiqué mardi de l'équipe de campagne de Donald Trump pour la présidentielle de 2024, une photographie montre deux manutentionnaires de la police de New York (NYPD) déchargeant tranquillement d'un camion une barrière métallique.
Avec un message censé dramatiser et solenniser l'instant: 'Des barricades sont en train d'être disposées autour du tribunal pénal de Manhattan, au moment où notre nation attend une annonce pour savoir si le président Donald J. Trump va être inculpé, bien qu'il n'ait commis aucun délit'.
Le 45e président des Etats-Unis d'Amérique (2017-2021) donne rendez-vous à ses électeurs 'le 5 novembre 2024, quand nous, le peuple, regagnerons la Maison-Blanche et rendrons sa grandeur à l'Amérique'.
En attendant, il doit répondre devant la justice d'une affaire de paiement de 130'000 dollars, juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016, à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels avec qui il aurait eu une liaison.
Donald Trump avait frappé fort samedi en affirmant sur son réseau Truth Social qu'il serait formellement et symboliquement inculpé et 'arrêté' ce mardi. Pour un président américain, qu'il soit en exercice ou qu'il ait quitté la Maison-Blanche, ce serait sans précédent.
Quelques dizaines de partisans
Donald Trump serait alors photographié, ses empreintes digitales relevées et il pourrait même être brièvement menotté, selon la procédure pénale américaine. Les autorités judiciaires new-yorkaises veulent cependant éviter un tel spectacle et la pagaille médiatique et politique qui s'en suivrait.
Le milliardaire a dénoncé une 'chasse aux sorcières' menée par les démocrates, mais ses appels à 'manifester' ont fait chou blanc. Seule une quarantaine de partisans se sont rassemblés mardi devant sa résidence de Mar-a-Lago en Floride et quelques dizaines d'autres dans le froid new-yorkais lundi devant le palais de justice et la Trump Tower de la 5e avenue.
A défaut de colère dans la rue, les 'trumpistes' battent le rappel sur les réseaux sociaux. Pour tenter de bloquer la mise en cause judiciaire de leur héros, le groupe 'The Donald' sur la plateforme Reddit veut déclencher une 'grève nationale' voire une 'guerre civile 2.0'.
Fausses déclarations
L'affaire de l'actrice pornographique Stormy Daniels est juridiquement complexe. La justice new-yorkaise cherche à déterminer si M. Trump est coupable de fausses déclarations, une infraction, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l'argent à cette femme, de son vrai nom Stephanie Clifford, juste avant la présidentielle de 2016, que le républicain avait remportée.
Le but était qu'elle taise une supposée relation extraconjugale dix ans plus tôt, selon l'accusation. L'enquête, qui a duré des années, s'est accélérée la semaine dernière.
Michael Cohen, ancien avocat et désormais ennemi de Trump ayant payé Stormy Daniels en 2016, a témoigné devant le grand jury. L'actrice a aussi coopéré avec les procureurs et ce même panel.
Donald Trump avait également été invité à s'exprimer devant ce grand jury, selon la presse, et un de ses avocats avait assuré qu'il se 'rendrait' volontiers à une convocation de la justice.
La principale crainte des autorités est une répétition des violences de l'assaut du Capitole à Washington le 6 janvier 2021, lorsque Donald Trump, battu dans les urnes en novembre 2020, avait appelé ses partisans à contester les résultats.
/ATS