Le régime syrien a repris mercredi ses bombardements sur la dernière poche rebelle d'Alep, a annoncé l'OSDH, alors que les violences ont repris dans la ville. Moscou accuse les rebelles, mais le parrain de l'opposition, la Turquie, blâme Damas et ses alliés.
Après un répit d'une quinzaine d'heures, le dernier carré rebelle à Alep a connu des bombardements d'artillerie, avant que l'aviation syrienne ne reprenne ses raids aériens, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Un accord d'évacuation de civils et de combattants anti-régime a lui été suspendu.
Le journaliste de l'AFP en secteur rebelle a notamment vu un tank du régime tirer en direction de la poignée de quartiers encore tenus par les insurgés.
Civils blessés
Il a également vu des civils blessés autour de lui. Des habitants tentaient de trouver refuge dans les entrées d'immeubles tandis que d'autres fuyaient dans les rues à la recherche en vain d'un abri, a-t-il constaté.
La télévision d'État syrienne affirme de son côté que six civils ont été tués 'dans des tirs d'obus des rebelles' sur le quartier de Boustane al-Qasr, récemment repris aux insurgés par l'armée. Elle a ensuite annoncé un septième mort dans des tirs visant un autre quartier du régime.
L'OSDH a fait état de 'dizaines d'obus tirés sur les quartiers tenus par les rebelles', qui 'ont riposté en tirant au moins huit obus sur les zones gouvernementales'.
'En plus des violents bombardements, il y a de très violents combats en cours sur les lignes de démarcation' a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Evacuation bloquée
Cette flambée de violences intervient alors que les espoirs d'une évacuation rapide de milliers de civils affamés et assiégés dans le réduit rebelle ont été douchés.
L'allié russe du dictateur syrien Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché les hostilités, mais le parrain de l'opposition, la Turquie, a blâmé les troupes du régime et leurs alliés.
Selon les rebelles, dont l'explication a été confirmée par un responsable onusien, l'Iran exige que l'évacuation à Alep ait lieu simultanément avec l'exfiltration des blessés de Foua et Kefraya, deux villages chiites syriens assiégés par la rébellion dans la province d'Idlib, au sud-ouest d'Alep.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il allait appeler son homologue russe Valdimir Poutine 'ce soir' pour tenter de sauver la trêve.
Résistance des rebelles selon la Russie
'Profitant de la trêve, des rebelles se sont regroupés à l'aube et ont essayé de franchir les positions des troupes syriennes', a de son côté affirmé l'armée russe dans un communiqué. 'L'attaque des terroristes a été repoussée. L'armée syrienne a prolongé ses opérations de libération', poursuit le texte.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé que les forces pro-gouvernementales écraseraient les dernières poches de résistance des insurgés d'Alep d'ici deux à trois jours.
A l'ONU, les Etats-Unis ont condamné le déchaînement de violence qui a visé Alep.
'Alep va s'ajouter à la liste des événements de l'histoire mondiale qui définissent le mal contemporain, qui entachent encore nos consciences des dizaines d'années plus tard. Halabja, le Rwanda, Srebrenica, et aujourd'hui Alep', a dit l'ambassadrice américaine, Samantha Power, avant d'interpeller directement la Syrie, la Russie et l'Iran: 'Êtes-vous vraiment incapables d'éprouver de la honte ? N'y a-t-il littéralement rien qui puisse vous faire honte ?'
/ATS