Cinquante-quatre ans après avoir été abaissé, le drapeau américain flotte à nouveau devant l'ambassade des Etats-Unis à Cuba. Il a été hissé vendredi en présence du secrétaire d'Etat John Kerry.
Il a salué un 'moment mémorable' entre les deux ex-adversaires de la Guerre froide. 'Mes amis, il n'y a pas besoin d'un GPS pour réaliser que la voie de l'isolement mutuel empruntée par les Etats-Unis et Cuba n'était pas la bonne', a affirmé M. Kerry dans un discours prononcé en partie en espagnol devant l'ambassade.
Vêtu d'un costume sombre malgré la chaleur, il a aussi estimé que 'le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie où les gens sont libres de choisir leurs dirigeants'.
Estimant 'formidable' de se trouver à Cuba, John Kerry a également réaffirmé que le gouvernement de Barack Obama est 'fortement en faveur' de la levée de l'embargo économique imposé à l'île communiste depuis 1962.
Nouvelle entente
Et pour marquer un peu plus l'Histoire, ce sont les trois Marines qui avaient abaissé en janvier 1961 le drapeau flottant au fronton de la représentation diplomatique qui l'ont remis aux jeunes Marines pour le hisser de nouveau vendredi. Un geste qui scelle la nouvelle entente des anciens ennemis.
Derrière des barrières de sécurité, une petite foule a assisté à cette cérémonie, agitant des drapeaux cubains. Les hymnes cubain, américain et la levée du drapeau ont été accompagnés de 'Viva' et d'applaudissements.
Présence suisse
La cérémonie a réuni notamment des membres des deux gouvernements et des élus du Congrès américain. Le conseiller fédéral Didier Burkhalter y a participé à l'invitation de John Kerry, car durant plus d'un demi-siècle la Suisse a représenté les intérêts américains à La Havane et ceux de Cuba à Washington.
Ce mandat confié à la Suisse s'est terminé avec la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, lesquelles sont déjà rétablies depuis le 20 juillet. Le drapeau cubain a d'ailleurs déjà été hissé à Washington depuis cette date.
Dizaine d'heures
Façades repeintes, rues asphaltées dans l'urgence : La Havane s'est mise sur son 31 pour accueillir M. Kerry. Ce dernier a atterri vers 09h00 (15h00 en Suisse) et doit rester une dizaine d'heures sur place. Une première pour un secrétaire d'Etat américain depuis 1945.
Cette visite intervient huit mois après l'annonce solennelle et simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro, d'un rapprochement historique.
Droits de l'homme
Alors que de nombreux dissidents cubains craignent de perdre le soutien des Etats-Unis une fois les deux pays complètement réconciliés, M. Kerry est très attendu sur cette question. Des opposants à la détente accusent aussi l'administration démocrate d'avoir mis sous l'éteignoir ses exigences en matière de droits de l'homme et de libertés publiques.
'Je vais rencontrer des dissidents (...) J'aurai la chance de m'asseoir avec eux' au cours d'une réception, privée, à la résidence de l'ambassadeur américain à La Havane, a assuré John Kerry avant son voyage.
Points de friction
Mais si les relations entre les deux pays se sont apaisées, une intervention jeudi du père de la révolution cubaine Fidel Castro a rappelé les points de friction qui demeurent.
L'ex-président, retiré du pouvoir depuis 2006 pour raisons de santé, a insisté sur les 'nombreux millions de dollars' que les Etats-Unis doivent, selon lui, à Cuba en compensation de l'embargo économique imposé à l'île depuis 1962.
Enfin, La Havane, qui a déjà obtenu son retrait d'une liste noire américaine d''Etats soutenant le terrorisme', attend encore une dernière chose pour sceller cette nouvelle entente: la restitution de la base navale américaine de Guantanamo.
/ATS