'Nous n'y sommes pas encore'. Le président de la COP26 Alok Sharma a alerté jeudi à Glasgow sur les efforts à mener pour aboutir vendredi à un accord satisfaisant. Les ONG en veulent davantage et le secrétaire général de l'ONU aussi.
Devant les Etats, M. Sharma a reconnu qu'il'y avait encore beaucoup de travail à faire', malgré des avancées. Et dans la foulée de son premier ministre Boris Johnson qui avait enjoint mercredi les dirigeants à appeler leurs équipes de négociations, il a demandé aux 197 pays à oeuvrer à un compromis.
L'annonce d'un accord américano-chinois mercredi soir a été largement saluée et M. Sharma souhaite qu'il ait un impact sur les discussions. L'Arabie saoudite est de plus en plus accusée de vouloir faire échouer la COP26.
En cause notamment, une phrase dans le premier projet de document final qui appelle à 'accélérer la fin des subventions au charbon et aux énergies fossiles', une première. Le secrétaire général Antonio Guterres a estimé jeudi que les engagements d'Etats valaient peu sans sortie d'énergies non renouvelables.
Le président de la COP prévoit lui un nouveau projet de document final pour vendredi matin. Celui qu'il a mis sur la table mercredi ne convainc pas les ONG. 'Votre projet de décision ne rend pas justice aux millions de personnes qui souffrent déjà des dommages' du changement climatique, a affirmé la représentante du Réseau d'action climatique qui rassemble de nombreuses organisations.
Appel de centaines de climatologues
Les efforts pour limiter à 1,5°C le réchauffement climatique d'ici 2100 sont insuffisants, a-t-elle aussi dit. Selon différentes évaluations, les efforts récents des Etats, notamment ceux annoncés à Glasgow, permettraient au mieux d'atteindre 1,8°C, même si l'étude considérée comme la plus sérieuse arrive plutôt à 2,4°C. Lundi, l'ONU avait conclu que toutes les annonces ne changeraient pas vraiment son estimation d'un réchauffement de 2,7°C.
Pour le moment, le projet de document final prévoit seulement que les Etats reviennent dans un an avec des plans plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 2030 et de neutralité carbone pour 2050. 'Si c'était facile, nous aurions résolu ces problèmes' déjà ces dernières années, a ajouté devant la presse M. Sharma. La COP ne 'pourra pas arrêter le changement climatique', avait fait remarquer de son côté mercredi M. Johnson.
Dans une lettre ouverte, plus de 200 climatologues ont appelé les différents acteurs présents à la réunion à oeuvrer immédiatement et massivement contre le réchauffement. De son côté, M. Guterres, de retour à Glasgow, a estimé que la communauté internationale ne pouvait se satisfaire du minimum commun. Le secrétaire général de l'ONU a appelé à 'davantage d'ambition' sur l'adaptation au climat et l'atténuation des effets. Ou encore le financement.
Une composante sur laquelle 'il y a encore des questions à résoudre', a admis le président de la COP26. 'Nous devons avancer' sans délai, a-t-il également insisté.
Les Etats n'ont pas encore tranché la question du financement par les riches des efforts des pays en développement contre le changement climatique. Au total, selon un projet de décision dévoilé jeudi matin, trois scénarios sont sur la table. Le moins précis ne mentionne pas de montant mais un objectif 'ambitieux'.
Difficultés sur le marché carbone
Le scénario intermédiaire prend l'engagement des pays riches à mobiliser 100 milliards de dollars par an de fonds publics et privés dès 2020 comme un plancher pour le futur financement. Alors même que l'objectif n'a pas été honoré jusqu'à présent.
Scénario le plus ambitieux, celui des 1300 milliards de dollars dès 2030 serait décliné à moitié pour l'adaptation et à moitié pour l'atténuation des effets du climat. Une partie 'significative' serait liée à des dons, avec comme plancher le montant de 100 milliards de dollars publics et privés prévus jusqu'à présent.
Parmi les autres chantiers importants, un effort supplémentaire est aussi requis sur le marché des compensations carbone possibles dans un autre pays. La représentante du Réseau d'action climatique a déploré que la possibilité d'un double comptage, souhaité par le Brésil et inacceptable pour la Suisse, puisse être même discutée à la COP. Mais un compromis pourrait aboutir à son exclusion totale dès 2031, selon un projet de décision.
/ATS