A deux semaines des législatives allemandes, l'héritier d'Angela Merkel, Armin Laschet, a lâché ses coups dimanche contre son principal adversaire, le social-démocrate Olaf Scholz. Il espère ainsi inverser la courbe des sondages et conjurer une défaite annoncée.
De l'épouvantail d'une coalition avec l'extrême gauche au spectre des affaires judiciaires, M. Laschet a attaqué bille en tête son principal adversaire. Il a épargné l'écologiste Annalena Baerbock lors d'un débat entre les trois principaux candidats et transformant ainsi le 'triell' prisé des Allemands en duel.
Distancé par les sociaux-démocrates de M. Scholz, devenu le favori à la course à la chancellerie, l'impopulaire Armin Laschet n'a plus beaucoup de temps pour enrayer la chute des conservateurs de la CDU-CSU, tombés à un niveau historiquement bas dans les sondages, autour de 20%.
Coalition avec les extrêmes ?
Au pied du mur, M. Laschet a mis en pratique lors de ce débat d'une heure et demie sur les chaînes publiques les conseils des hiérarques conservateurs: bousculer M. Scholz, l'expérimenté mais dénué de charisme ministre des Finances du gouvernement Merkel.
Premier angle d'attaque: l'éventuelle coalition que pourrait former M. Scholz avec les écologistes et surtout l'extrême gauche Die Linke, un épouvantail très prisé du camp conservateur. 'Si cela vous donne une majorité, vous ferez une coalition avec Die Linke!', a lancé M. Laschet au social-démocrate tendance centriste.
M. Scholz, sans écarter formellement une telle coalition, a fixé ses conditions: 'Quiconque veut gouverner en Allemagne doit affirmer clairement que l'Otan est importante pour notre sécurité', a-t-il asséné en direction de l'extrême gauche, qui remet en cause la relation transatlantique sur laquelle mise l'Allemagne depuis 1945.
M. Laschet a lui exclu toute discussion avec l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti d'extrême droite en cinquième position dans les sondages mais toujours influente en ex-RDA.
'Sérieux problème'
Autre offensive menée par M. Laschet, les affaires. Il a dénoncé les perquisitions menées le 9 septembre dans un organisme fédéral de lutte contre le blanchiment, sous la tutelle de M. Scholz.
'Si mon ministre des Finances travaillait comme vous, nous aurions un sérieux problème', a-t-il asséné M. Laschet à M. Scholz, dont les services sont soupçonnés de ne pas avoir transmis à la justice des soupçons de blanchiment de plusieurs millions d'euros. Il a aussi fustigé les réserves émises par M. Scholz sur cette enquête du parquet d'Osnabrück: 'C'est ce que font les populistes dans d'autres pays'.
M. Scholz, décrit cette semaine par l'hebdomadaire Der Spiegel comme 'l'incarnation de l'ennui en politique', a brièvement rompu avec son ton policé pour fustiger de 'fausses accusations' de son adversaire.
M. Laschet s'est retrouvé lui en difficultés quand, pressé par les deux autres candidats au sujet de la politique climatique, il a dû se démarquer d'Angela Merkel, rappelant qu'il n'est 'pas membre du gouvernement'.
Annalena Baerbock, dont le parti pointe en troisième position dans les sondages, a renvoyé dos à dos ses rivaux. Selon elle, conservateurs et SPD, qui gouvernent ensemble depuis sept ans, incarnent 'le passé'.
Scholz, le plus convaincant
Ces attaques vont-elles suffire à convaincre les indécis et à remobiliser un camp chrétien-démocrate au pouvoir depuis 16 ans? Comme lors du premier 'triell', M. Scholz a été jugé dimanche 'le plus convaincant' (39%), nettement devant ses deux concurrents (25%), selon l'institut Infratest dimad.
Affaibli comme jamais depuis la Deuxième guerre mondiale, le camp conservateur, favori jusqu'en juillet, semble désormais traversé par un vent de panique. Les chrétiens-démocrates sont depuis plombés par les erreurs de leur candidat, en particulier un fou rire capté par les caméras en marge d'un discours solennel du président de la République sur une zone sinistrée par les inondations estivales.
/ATS