Plus de mille migrants venus de Libye ont encore débarqué jeudi en Italie, où des municipalités comme Reggio de Calabre ont du mal à gérer l'afflux. Les autorités réclament plus de solidarité de l'UE tandis que les associations humanitaires tirent la sonnette d'alarme
Jeudi, près de 600 personnes sont arrivées à Trapani en Sicile, après avoir été récupérées en mer par les garde-côtes et la marine italienne. Quarante et un migrants sont toutefois portés disparus après le naufrage de leur canot pneumatique.
Près de neuf cents personnes étaient encore attendues dans la journée dans deux autres ports siciliens, selon les autorités. Comme les centaines de migrants qui arrivent chaque jour sur les côtes italiennes, ils seront pris en charge avant d'être conduits dans des centres d'accueil disséminés dans le pays.
Les villes où ils sont acheminés sont débordées. Giovanni Muraca, responsable municipal de Reggio de Calabre reconnaît que cette ville en pleine crise économique 'a du mal' à relever le défi: 'Les ressources de la commune sont limitées, nous devons faire appel aux bénévoles', explique-t-il.
Les réfugiés 'dorment par terre sous des tentes. Ils arrivent morts de fatigue et sont traumatisés', raconte Giuseppe Princi de l'association 'Nuova Solidarieta', dont le siège a été réquisitionné pour accueillir les migrants malades à Salice, en périphérie de Reggio Calabria. 'Cette situation n'est plus tenable. D'autres vont arriver mais nous ne sommes absolument pas prêts', assure-t-il.
Gouvernement décrié
Sur ordre du gouvernement, les préfets italiens ont demandé aux communes et collectivités locales de trouver d'urgence des milliers de places supplémentaires. La mesure suscite la colère. Le syndic de Chieti (centre) a interdit la venue de nouveaux migrants dans les locaux d'un centre d'accueil pour personnes âgées et handicapées.
Le gouverneur de la région Lombardie s'est lui aussi insurgé contre ces demandes, dénonçant une 'invasion'. 'Zéro place en Lombardie tant que continuera cette attitude irresponsable de la part du gouvernement', a lancé mercredi Roberto Maroni, membre du mouvement anti-immigration de la Ligue du Nord.
Selon les médias italiens, le ministère de l'Intérieur envisage de réquisitionner des casernes pour aider les autorités locales. Aucun incident entre migrants et population locale n'a toutefois été déploré.
Soutien demandé à l'UE
Le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a exprimé sa colère envers l'Union européenne dans le Corriere della Sera: 'Le problème est européen mais le remède est italien, ça ne va pas. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90% sur nos épaules'. Il a demandé un soutien financier accru de la part de l'UE et exigé une 'réponse claire' sur les lieux où les migrants doivent être conduits après avoir été secourus en mer.
'L'Italie porte un fardeau énorme pour le compte de l'Europe en ce qui concerne le problème de l'immigration', a déclaré un porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, cité jeudi par les médias italiens.
Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont en outre sommé l'Europe de réagir et d'en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Des associations humanitaires ont dénoncé l'incurie des autorités européennes face aux naufrages de migrants en Méditerranée.
Travailler en amont
M. Gentiloni a aussi demandé à l'UE de 'travailler sur les régions d'origine' de la crise migratoire, citant 'la Syrie, la Corne de l'Afrique, la zone Mali-Niger-Centrafrique'. Il a plaidé pour un accord politique pour former un gouvernement 'plus inclusif' en Libye, pays d'où partent la majorité des bateaux chargés de migrants.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 500 migrants ont péri en Méditerranée depuis le début de l'année, sans compter les 400 portés disparus depuis dimanche. Avec le temps printannier, plus de 10'500 arrivées ont été enregistrées depuis le début du mois en Italie, où les structures d'hébergement accueillent déjà plus de 80'000 personnes.
/ATS