Des centaines de villageois ont été évacués jeudi des abords d'une centrale thermique menacée par le feu en Turquie. La bataille se poursuivait en Grèce pour contrôler deux incendies majeurs qui font rage près d'Olympie et sur l'île d'Eubée.
Les deux pays rivaux se sont retrouvés unis cette semaine dans leur combat commun contre des incendies sans précédent. Les experts les relient sans équivoque au réchauffement de la planète, tant les températures ont été caniculaires, oscillant entre 40 et 45 degrés Celsius.
Huit personnes sont mortes et des dizaines ont été hospitalisées dans le sud de la Turquie. Aucune victime n'est à déplorer à ce stade en Grèce.
'Pire canicule' depuis 30 ans
La Grèce fait face, depuis une semaine, à des dizaines d'incendies sous l'effet de la 'pire canicule' en plus de trente ans, selon son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. 'Nous faisons un effort titanesque sur plusieurs fronts', a résumé mercredi soir le vice-ministre de la Protection civile, Nikos Hardalias.
A Kourkouloi, l'un des 18 villages d'Eubée évacués par précaution, d'épaisses fumées jaunes recouvraient entièrement le sommet de la montagne tandis que les avions et hélicoptères bombardiers d'eau poursuivaient inlassablement leur combat contre le feu, a constaté l'AFP.
Aux portes d'Athènes, le sinistre qui s'était déclaré mardi continuait de mobiliser les pompiers jeudi, après avoir détruit près de 1250 hectares de pinède. Une reprise inquiétante du feu a imposé l'évacuation de deux villages jeudi, selon la télévision publique ERT. Comme mardi, des fumées âcres se sont répandues jeudi après-midi sur la capitale, où la qualité de l'air était déjà hautement dégradée, selon l'Observatoire national d'Athènes.
Une enquête préliminaire a été ouverte jeudi pour déterminer l'origine de ce feu, au pied du mont Parnès, après la publication de témoignages affirmant que l'incendie serait parti de l'explosion d'une usine de la compagnie publique d'électricité.
Protéger Olympie
D'importants secours étaient également déployés près du village de l'Ancienne Olympie pour protéger le site archéologique où se sont déroulés les premiers Jeux olympiques de l'Antiquité, dans l'ouest de la péninsule du Péloponnèse. Deux habitants et deux pompiers ont été légèrement blessés et hospitalisés, selon l'agence grecque ANA.
Après avoir brûlé une vingtaine de maisons, 'le front du feu se dirige désormais vers la zone de Lala', une surface forestière montagneuse, au nord-est du site antique, a déclaré le préfet Nektarios Farmakis à l'ANA. Le Premier ministre, sur place jeudi, a souligné 'la nécessité que des études' soient faites pour 'éviter de nouvelles catastrophes'.
Le village de l'Ancienne Olympie, habituellement bondé de touristes à cette période de l'année, ainsi que 18 localités proches et une colonie de vacances, ont été évacués. Plus de 170 pompiers bataillaient sur ce site, aidés d'une cinquantaine de véhicules et de six hélicoptères et avions bombardiers d'eau.
Des forces équivalentes ont été déployées sur l'immense île d'Eubée, à 200 km à l'est d'Athènes, théâtre d'un incendie violent et incontrôlé qui a pris mardi. Pour combattre le brasier, 500 militaires aidés d'une quarantaine d'avions et d'hélicoptères devaient arriver en renfort, selon le chef des forces armées Konstantinos Floros.
Après Chypre et la Suède, la sécurité civile française a annoncé le départ de 40 sapeurs-sauveteurs et de huit tonnes de matériel, qui devaient arriver jeudi soir à Eubée. Des centaines de maisons ont déjà brûlé sur l'île ainsi que plus de 25'000 hectares de pinède.
Centrale thermique menacée
Mais c'est une centrale thermique, remplie de milliers de tonnes de charbon, sur la côte égéenne turque qui suscitait la plus grande inquiétude jeudi, menacée par un incendie attisé par le vent.
Au son des alarmes d'évacuation, des centaines de villageois ont été évacués à bord de hors-bords des garde-côtes turcs mobilisés dans le port d'Oren, a constaté l'AFP. D'autres ont été évacués par la route. L'autorité régionale a assuré que 'tous les produits chimiques explosifs' avaient été retirés du site stratégique.
Dans la nuit, des images mises en ligne par le maire, Muhammet Tokat, montraient un feu violent aux portes de la centrale. Mais une inspection initiale a montré que le feu de la nuit n'avait pas causé 'de dégâts sérieux aux unités principales de la centrale', selon le bureau du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Selon l'Observatoire de la Terre de l'UE Copernicus, ce mois de juillet est le second plus chaud en Europe.
/ATS