L'ambassadeur US auprès de l'UE a admis avoir conditionné une aide militaire destinée à l'Ukraine à l'ouverture d'une enquête sur un rival démocrate de Donald Trump, Joe Biden. Cela dans un témoignage aux parlementaires qui enquêtent pour destituer Donald Trump.
Entendu une première fois le 17 octobre, l'ambassadeur auprès de l'UE Gordon Sondland, longtemps proche allié de Donald Trump, est revenu ce lundi au Congrès pour compléter son témoignage avec d'importants ajouts.
Il a déclaré avoir expliqué à un conseiller du président ukrainien Volodomyr Zelensky que l'enveloppe d'aide militaire, de 400 millions de dollars, ne serait 'sans doute' pas débloquée tant que l'Ukraine n'annoncerait pas publiquement qu'elle allait enquêter sur les affaires des Biden dans le pays.
'Je me souviens maintenant avoir parlé individuellement avec (Andreï) Yermak pour lui dire que la reprise de l'aide américaine n'arriverait sans doute pas jusqu'à ce que l'Ukraine fournisse une déclaration publique contre la corruption dont nous parlions depuis de nombreuses semaines', a-t-il précisé.
'J'ai présumé que la suspension de l'aide avait été liée à une déclaration suggérée (par des proches de M. Trump) contre la corruption' et qui mentionnerait l'entreprise employant Hunter Biden, le fils de Joe Biden, a-t-il déclaré. 'J'ai compris peu après que cette déclaration devrait venir du président Zelensky lui-même', a ajouté le diplomate.
'Illégal'
Aux enquêteurs parlementaires qui lui demandaient si la requête faite à l'Ukraine d'enquêter sur les Biden, et donc d'impliquer Kiev dans la campagne présidentielle américaine de 2020 pouvait être 'illégale', M. Sondland a répondu: 'Je ne suis pas avocat, mais je le suppose'.
Riche professionnel du secteur hôtelier, Gordon Sondland a contribué à financer la campagne et la cérémonie d'investiture de Donald Trump, dont il est devenu proche.
Directeur de cabinet convoqué
Le directeur de cabinet de Donald Trump, Mick Mulvaney, a de son côté été convoqué pour témoigner vendredi dans l'enquête menée par les démocrates du Congrès en vue de destituer le président. Il est le plus haut responsable de la Maison Blanche à recevoir une telle convocation.
Dénonçant une 'mascarade', l'exécutif refuse de coopérer à l'enquête. Le chef de cabinet devrait donc probablement ignorer cette demande.
L''enquête a révélé que vous avez pu être directement impliqué dans la tentative, orchestrée par le président Trump, son agent personnel Rudolph Giuliani, et d'autres' de faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle enquête sur son rival démocrate Joe Biden, ont écrit mardi les chefs démocrates chargés de l'enquête à la Chambre des représentants.
'Rôle direct'
'Les indices rassemblés (...) laissent entendre que M. Mulvaney a pu jouer un rôle direct dans le stratagème pour faire pression sur le gouvernement ukrainien afin qu'il s'immisce dans l'élection américaine de 2020 en fabriquant des informations nuisibles sur les opposants politiques du président Trump, ainsi que dans la tentative de dissimuler ces actes', avancent les démocrates.
Les présidents des commissions du Renseignement, des Affaires étrangères et de supervision de l'exécutif ont convoqué Mick Mulvaney à 09h00 le 8 novembre au Congrès, à Washington.
Mardi, un conseiller de la Maison Blanche, Wells Griffith, ne s'est pas présenté à sa convocation. La veille, quatre témoins avaient ignoré le rendez-vous fixé par les démocrates.
Auditions publiques prévues
Malgré le refus de coopérer de la Maison Blanche, les commissions ont déjà entendu une dizaine de témoins à huis clos. Elles prévoient d'organiser bientôt des auditions publiques, qui pourraient conduire à la mise en accusation de Donald Trump.
Convaincus de tenir la preuve d'un 'abus de pouvoir' du président, les démocrates ont engagé le 24 septembre cette enquête à la Chambre, où ils sont majoritaires. Les républicains contrôlent le Sénat, qui serait ensuite chargé de rendre son verdict sur une destitution de Donald Trump.
Compte tenu du soutien dont ce dernier dispose à la chambre haute, cette issue paraît improbable.
/ATS