Ils ne désarment pas : les opposants à la proposition de loi 'sécurité globale' manifestent de nouveau samedi à Paris et dans plusieurs villes du pays. Le projet de loi pénalise notamment la diffusion malveillante d'images de policiers.
Dans la capitale, un cortège de plusieurs milliers de personnes a défilé sous une pluie neigeuse en direction de la place de la Bastille, derrière une banderole réclamant le retrait de ce texte, scandant 'police partout, justice nulle part' et 'état d'urgence, Etat policier, on nous empêchera pas de manifester!'.
Les forces de l'ordre sont intervenues pour empêcher la tenue d'une rave party non déclarée à proximité de la manifestation, selon la préfecture de police de Paris.
Dans plusieurs villes, des fêtards de la mouvance des 'free parties' avaient décidé de rejoindre le mouvement, pour dénoncer la 'répression disproportionnée' lancée après une rave à Lieuron (Bretagne) qui a réuni 2400 personnes au Nouvel an.
Ils étaient nombreux notamment à Nantes derrière des banderoles comme 'nous sommes tous des organisateurs de raves' ou 'L'Etat assassin: vies, cultures, libertés'.
Dans toute la France, ces manifestations ont rassemblé 34'000 personnes selon la police, et 200'000 selon les organisateurs, ont indiqué à l'AFP le ministère de l'Intérieur et le syndicat SNJ-CGT.
75 personnes interpellées
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a par ailleurs fait état de '75 personnes interpellées dont 24 à Paris' et '12 policiers et gendarmes blessés'.
'Nos policiers et nos gendarmes ont été une nouvelle fois au rendez-vous pour encadrer les manifestations et interpeller systématiquement ceux qui étaient venus pour casser', a-t-il commenté.
A Paris, la police a compté 6'500 manifestants, contre 15'000 selon les organisateurs.
Près de 80 rassemblements 'pour le droit à l'information, contre les violences policières, pour la liberté de manifester et contre la surveillance de masse' étaient prévus dans le pays.
Ces 'marches des libertés' se déroulaient à l'appel d'une coordination qui regroupe des associations comme La Ligue des droits de l'Homme et Amnesty, ainsi que de nombreux syndicats et associations, de journalistes et réalisateurs notamment.
La proposition de loi, déjà votée en première lecture à l'Assemblée nationale, doit être examinée en mars au Sénat.
Article 24 en cause
'Les enjeux sont (...) majeurs. Ils touchent au respect même de l'Etat de droit' et du contrôle des autorités 'par les citoyens, le Parlement, la justice et la presse', estiment les associations, qui ajoutent que 'les mesures de surveillance de la population doivent demeurer l'exception'.
Elles exigent le retrait de plusieurs dispositions, à commencer par l'article 24, qui pénalise la diffusion malveillante d'images de membres des forces de l'ordre.
Le collectif cible également les articles 21 et 22 sur l'usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l'ordre.
La proposition de loi a été vivement critiquée en France par la Défenseure des droits et la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, et à l'étranger par des rapporteurs spéciaux des Nations unies et la commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe.
La mobilisation lancée le 17 novembre a donné lieu à plusieurs manifestations, souvent rejointes par des 'gilets jaunes' et ponctuées, en particulier à Paris, de heurts avec les forces de l'ordre. La plus importante, le 28 novembre, a rassemblé 500'000 personnes dans le pays selon la coordination, 133'000 selon le gouvernement.
/ATS