Les profondes divisions internationales sur les guerres en Ukraine et à Gaza se sont affichées mercredi au premier jour d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 au Brésil.
Ouvrant le rendez-vous, le ministre brésilien Mauro Vieira, dont le pays préside le groupe depuis décembre, a dénoncé le blocage du Conseil de sécurité de l'ONU face à ces deux conflits aux conséquences considérables.
'Les institutions multilatérales ne sont pas suffisamment équipées pour faire face aux défis actuels, comme l'a démontré l'inacceptable paralysie du Conseil de sécurité au sujet des conflits en cours. Cette inaction implique directement la perte de vies humaines', a déclaré le chef de la diplomatie brésilienne Mauro Vieira lors de cette réunion organisée à Rio de Janeiro.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a été incapable de réagir face à l'invasion russe de l'Ukraine il y a deux ans, en raison du veto russe, et a peiné à parler d'une seule voix sur Gaza, les Etats-Unis bloquant tout appel à un cessez-le-feu.
Lula da Silva critiqué
De leur côté, les Etats-Unis, soutien diplomatique et militaire d'Israël, ont critiqué les propos polémiques du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva comparant la guerre à Gaza à la Shoah. Le Brésilien a depuis reçu le soutien des présidents de la Colombie et de la Bolivie, qui ont également accusé Israël de 'génocide'.
Lors d'une rencontre avec Lula mercredi matin à Brasilia, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken 'a évoqué le sujet de Gaza et a clairement fait part de notre désaccord sur ces propos', a dit un responsable du Département d'Etat sous couvert d'anonymat à des journalistes accompagnant le chef de la diplomatie américaine.
La guerre a été déclenchée par une attaque lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël. En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste et lancé une vaste offensive.
La tension entre le Brésil et Israël, qui a déclaré Lula 'persona non grata', n'a cessé de monter depuis la déclaration de Lula dimanche. La tempête diplomatique éclipse largement la réunion du G20.
Retrouvailles Blinken-Lavrov
Les membres du groupe sont aussi divisés sur la guerre en Ukraine. M. Lula lui-même a estimé que les torts étaient partagés entre d'un côté la Russie et de l'autre l'Occident et Kiev.
Deux ans après le début du conflit, Antony Blinken a retrouvé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à la réunion de Rio.
Le Russe, qui doit rencontrer Lula à Brasilia selon une source de la présidence brésilienne, a de nouveau accusé l'Ukraine et ses alliés. 'Ni Kiev ni l'Occident n'ont montré la volonté politique de résoudre le conflit', a-t-il dit dans le quotidien brésilien O Globo.
Durcir les sanctions contre Moscou
Samedi, les membres du G7, qui comprend Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada, tous alliés de l'Ukraine, devraient discuter au cours d'une réunion virtuelle d'un durcissement des sanctions contre Moscou.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a cependant souligné l'importance d'une enceinte comme le G20: 'Nous avons besoin de montrer que le multilatéralisme fonctionne en temps de crise', a-t-il écrit sur X.
Gouvernance globale
Après une première session mercredi après-midi sur les 'tensions internationales', la réunion des ministres, qui se tient au bord de la sublime baie de Rio, abordera jeudi matin une 'réforme de la gouvernance globale'.
Le sujet est cher au Brésil, qui veut donner plus de poids aux pays du Sud dans des institutions comme l'ONU, le FMI et la Banque mondiale. Les deux autres priorités de la présidence brésilienne du G20 sont la lutte contre la faim et le réchauffement climatique.
Une rencontre entre MM. Blinken et Lavrov serait un événement au vu du nouvel accès de tension qui a suivi l'annonce de la mort en prison de l'opposant russe Alexeï Navalny. Leur dernière entrevue remonte à mars 2023, à l'occasion d'une réunion du G20 en Inde.
Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des principales économies mondiales, ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine. Sa vocation était dans un premier temps surtout économique mais il s'est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l'actualité mondiale.
/ATS