Une marée de drapeaux grecs était déployée dimanche sur la place Syntagma d'Athènes. Au début d'une manifestation d'opposants au compromis sur le nom de la Macédoine envisagé par le gouvernement grec.
Outre ceux agités par les milliers de manifestants, aux cris de 'Bas les pattes Macédoine !', 'La Macédoine est grecque !', voire 'Macédoine signifie Grèce !' ou 'Nous ne partirons pas tant que nous n'aurons pas obtenu justice !', un drapeau grec géant flottait au-dessus de la place.
Parmi les manifestants, beaucoup de familles et de personnes âgées, et parmi les personnalités, l'ancien Premier ministre de droite conservatrice ND, qui était ministre des Affaires étrangères en 1991, quand la querelle avec la Macédoine, devenue indépendante cette année-là, a éclaté. Ainsi que des maires, des membres du clergé et des militaires.
L'orateur vedette devait être Mikis Theodorakis en personne, une des rares sorties du compositeur âgé de 92 ans. Sa maison du centre historique a été vandalisée samedi après-midi, ne faisant que renforcer son ardeur. Il a appelé les manifestants à 'ne pas être intimidés'.
La manifestation est en grande partie organisée et financée par des groupes de la diaspora grecque, des associations de militaires à la retraite, des groupes religieux et des associations culturelles de la Macédoine grecque.
'Grecque et seulement grecque'
Aucun chiffre sur le nombre des participants au rassemblement n'était disponible vers 13h30, ni de la part de la police ni de celle des organisateurs, tandis que les orateurs commençaient à s'exprimer.
Les organisateurs souhaitent que la participation dépasse le million, c'est-à-dire selon eux trois fois plus qu'il y a quinze jours à Thessalonique, la capitale de la province grecque de Macédoine. La police alors avait compté 'plus de 90'000 personnes', les organisateurs de 400'000 à 500'000 personnes.
Les participants ont notamment été acheminés du nord de la Grèce par quelque 2500 cars et de Crète par deux ferries.
Plusieurs manifestants portaient des costumes traditionnels, notamment l'uniforme des Grecs qui avaient combattu les Bulgares en Macédoine au début du XXe siècle.
Vieille querelle
Les manifestants s'opposent à ce que le mot Macédoine figure dans le futur nom du pays voisin, que ce soit Haute Macédoine ou Macédoine du Nord, un compromis sur lequel semblent être prêts à discuter le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras et le nouveau Premier ministre macédonien social-démocrate Zoran Zaev.
'Le moment est venu' de trouver une solution, a pour sa part considéré cette semaine à Athènes l'émissaire des Nations unies sur cette question, Matthew Nimetz.
La querelle dure depuis l'indépendance de l'ancienne république yougoslave, les Grecs craignent notamment qu'en s'attribuant officiellement le simple nom de Macédoine, ce pays n'ait des vues sur la région grecque du même nom, le berceau des grands rois du IVe siècle avant JC Philippe II et surtout son fils Alexandre le Grand.
Résultat, la Grèce bloque depuis 25 ans l'accession de son voisin à l'OTAN et ses démarches pour entrer dans l'UE.
/ATS