Les taux d'intérêt négatifs entraînent une nouvelle érosion des marges pour les banques de détail en Suisse. Selon une étude d'EY, les clients privés disposant de liquidités très élevées pourraient être touchés à brève échéance.
En 2015, l'écart entre le taux d'intérêt des clients et celui du marché pour les banques de détail suisses a de nouveau perdu cinq points de base, par rapport à l'année passée, baissant ainsi à 117 points, a indiqué mercredi le cabinet d'audit et de conseils EY en se basant sur son enquête portant sur 348 banques en Suisse. Les marges diminuent depuis 2007.
EY constate que l'évolution constatée ces dernières années se poursuit également en 2016. Au premier semestre, la marge d'intérêt des banques a de nouveau reculé de trois points, par rapport à l'année dernière.
L'étude montre que l'introduction d'intérêts négatifs n'a entraîné qu'une minime baisse des taux d'intérêt des crédits hypothécaires contractés récemment pour une durée comprise entre cinq et sept ans. Les débiteurs hypothécaires n'ont donc pas profité de la baisse des taux sur le marché des capitaux.
Taux déconnectés du marché
'Tant les conditions des crédits et des hypothèques que les rémunérations des dépôts d'épargne se sont déconnectées des taux du marché des capitaux. Les taux d'intérêt pour les crédits et les dépôts d'épargne sont aujourd'hui plus élevés que les taux du marché', observe Roger Stettler, spécialiste en banques de détail chez EY Suisse, cité dans le communiqué.
Pour le moment, les clients de détail ne sont pas touchés par les taux négatifs. En Suisse, ces derniers sont facturés à quelques rares groupes de clients seulement, comme les investisseurs institutionnels et les grandes entreprises. Une seule banque exige actuellement de l'argent de ses clients de détail pour leurs dépôts.
La Banque alternative suisse (BAS) avait annoncé en octobre 2015 qu'elle introduisait au 1er janvier 2016 un taux d'intérêt négatif pour ses clients.
'Les banques pensent que les clients de détail réagiront de façon très sensible aux taux négatifs. C'est la raison pour laquelle il ne faut pas s'attendre, du moins dans un proche avenir, à ce que les taux négatifs soient répercutés sur la grande majorité des épargnants', précise Roger Stettler.
Pression sur les prix
Les clients privés disposant de liquidités très élevées seront toutefois concernés à brève échéance, surtout si la Banque nationale suisse (BNS) renforce une nouvelle fois les taux négatifs, ajoute l'expert d'EY.
Les rémunérations des hypothèques suisses supérieures à celles du marché des capitaux favorisent l'activité du secteur non bancaire. Dans ce contexte, il faut citer les activités croissantes des assurances et des caisses de pension, ce qui occasionne une pression sur les prix du marché. Cela pourrait inciter les banques à répercuter les taux négatifs sur leur clientèle de détail.
/ATS