Les dirigeants des 28 pays de l'UE, réunis jeudi à Bruxelles, ont accentué la pression sur la Russie pour tenter d'infléchir sa position dans le conflit syrien et en Ukraine. Ils se sont notamment entendus pour prolonger de six mois les sanctions contre Moscou.
L'UE 'n'est pas indifférente à la souffrance du peuple syrien', a assuré le président du Conseil européen Donald Tusk, après avoir admis que les Européens n'étaient 'pas assez efficaces'. Les 28 se sont engagés à 'exercer une pression sur les acteurs du conflit en Syrie par tous les moyens diplomatiques disponibles'.
Alors que des milliers de personnes ont été évacuées jeudi d'Alep, les Européens ont demandé 'l'ouverture de couloirs humanitaires pour permettre d'acheminer de l'aide' vers la ville et 'pour évacuer les civils sous supervision internationale neutre'.
'Les 50'000 habitants d'Alep-Est n'attendent plus que la mort après l'échec de la communauté internationale', leur avait lancé plus tôt le président du conseil local des quartiers rebelles, Brita Hagi Hassan, invité à s'exprimer devant les 28.
'L'histoire ne pardonnera pas'
'L'histoire ne pardonnera pas', a-t-il prévenu, les appelant à agir pour la protection des civils, tandis que la victoire du régime syrien à Alep, après quatre ans de bataille acharnée, apparaît aussi comme celle du président russe Vladimir Poutine.
'L'Europe doit faire entendre sa voix', a exhorté le président français François Hollande, accusant la Russie de 'prendre des engagements qu'elle ne tient pas'.
La premier ministre britannique Theresa May a elle aussi appelé à la fermeté contre le régime syrien et 'ses soutiens en Russie et en Iran', estimant que 'ceux qui sont responsables de ces atrocités' à Alep devront 'rendre des comptes'.
Les 28 ne sont pas toutefois pas allés jusqu'à menacer Moscou de sanctions liées à son rôle en Syrie. Ils se sont contentés d'affirmer qu'ils considéraient 'toutes les options disponibles'. Des sanctions font 'partie des options qui pourraient être ouvertes', mais 'nous n'en sommes pas là', a expliqué M. Hollande à l'issue du sommet.
Sanctions pour l'Ukraine
Les 28 ont, en revanche, approuvé sans difficulté la reconduction pour six mois de leurs sanctions contre Moscou pour son rôle en Ukraine, imposées en 2014 après la destruction en vol d'un avion de Malaysia Airlines au-dessus de l'Est séparatiste (298 morts).
Ces mesures visent les secteurs pétrolier, de la défense ou encore des banques, régulièrement reconduites depuis deux ans. Elles étaient en vigueur jusqu'au 31 janvier 2017, mais certains pays comme l'Italie avaient exprimé des réticences à les poursuivre.
Les dirigeants européens avaient également la Russie à l'esprit au cours de leur difficile débat sur l'accord d'association UE-Ukraine, que les Pays-Bas sont le seul Etat-membre à ne pas avoir ratifié, après son rejet par référendum.
La Haye a obtenu l'engagement écrit de ses 27 partenaires, selon lequel l'accord avec Kiev ne lui 'confère pas le statut de pays candidat à l'accession' à l'UE, une garantie que réclamait le premier ministre néerlandais Mark Rutte pour répondre aux inquiétudes de ses concitoyens.
Brexit
'Retirer le traité (avec l'Ukraine) de la table est le plus grand cadeau que l'on puisse faire à Vladimir Poutine', avait-il mis en garde dans la matinée. 'Nous avons fait ce que nous pouvions pour sauver' l'accord avec l'Ukraine. 'nous comptons maintenant sur nos collèges néerlandais' pour faire le nécessaire au plan national, lui a dit M. Tusk.
A l'heure du dîner, Theresa May s'est éclipsée pour laisser ses 27 homologues discrètement peaufiner ce que sera leur méthode de négociation avec le Royaume-Uni, une fois que Londres aura déclenché la procédure de divorce.
'Nous voulons que cela soit un processus aussi en douceur et ordonné que possible', dans l'intérêt des deux parties, avait dit devant la presse la premier ministre britannique.
Les 27 ont confirmé que la Commission européenne serait la négociatrice pour l'UE face à Londres, sous la conduite du Français Michel Barnier. Ils ont assuré que les Etats membres seraient associés au processus, ainsi que le Parlement européen, par le biais de 'rencontres préparatoires'. Mais le fond de la négociation à venir n'a pas été abordé.
/ATS