Après une première journée de protestation au Tessin, quelque 3000 salariés du bâtiment ont manifesté mardi en Suisse alémanique, selon les estimations d'Unia et de Syna. Mercredi, la vague touchera Genève, Neuchâtel et le Jura.
Depuis des mois, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) refuse de régler les problèmes urgents de la branche, ont réitéré mardi les syndicats. La convention nationale du secteur principal de la construction (CN) expire à la fin de cette année et la retraite à 60 ans des maçons est en péril, selon eux.
Mardi, plus de 100 chantiers sont restés à l'arrêt dans la cité de la Limmat et son agglomération, dont celui de l'Europaallee adjacent à la gare centrale. Selon les syndicats, au moins 2000 travailleurs ont pris part à la manifestation zurichoise. A Berne, à Bâle et en Suisse centrale des actions ont aussi eu lieu.
Au total, quelque 3000 employés de la construction ont interrompu leur travail outre-Sarine pour exprimer leur colère envers l'attitude de la SSE, calcule Unia. La veille, c'est autant de maçons qui ont ouvert au Tessin le mouvement de protestation.
Mercredi, en Suisse romande, 'tous les chantiers seront fermés à Genève et à Neuchâtel', a précisé à l'ats Lucas Dubuis, porte-parole d'Unia. Dans le canton du bout du lac, le syndicat escompte plus de 2000 manifestants. Ils devraient être plus de 500 à Neuchâtel.
Vide conventionnel
'La Société suisse des entrepreneurs bloque par son refus obstiné toute solution' martèlent Unia et Syna. Si les employeurs ne sont pas prêts à chercher sérieusement des solutions, 'les employés vont continuer à se battre et menacent de faire grève l'an prochain', soulignent-ils.
Des entretiens sont agendés aux 20 et 27 novembre. Toutefois, ces réunions étaient initialement programmées pour discuter des salaires 2016 et de la retraite anticipée. Mais les syndicats aimeraient aussi en profiter pour orienter les discussions sur la CN.
Nico Lutz, chef du secteur construction d'Unia, espère, mais ne croit pas à un changement des fronts dans un si court laps de temps. Le syndicat campe quant à lui sur son refus de reconduire en l'état la convention nationale. Le scénario du vide conventionnel est donc à ce stade le plus probable.
Pour l'instant, les syndicats ne veulent pas parler de grève. 'Les travailleurs prennent sur leurs heures supplémentaires pour participer aux manifestations', a expliqué Kurt Regotz, responsable des négociations pour Syna. Cette mesure va toutefois provoquer des perturbations sur le lieu de travail.
Réduction des rentes
'Sous prétexte que le nombre de préretraités augmentera temporairement, les entrepreneurs s’attaquent à l’acquis social de la retraite à 60 ans', rappelle Unia sur son site Internet. Ils veulent repousser la retraite des travailleurs de la construction ou alors leur imposer une réduction de rente pouvant atteindre 1000 francs par mois.
La SSE propose un relèvement de l'âge de la retraite à 61 ou 62 ans, a précisé à Zurich Nico Lutz lors d'un point de presse. La rente à 60 ans serait quant à elle amputée d'environ 18%. 'On passerait ainsi de 4400 francs en moyenne par mois à 3600 francs', a-t-il précisé.
'C’est absolument exclu pour les maçons', s'indigne le syndicat. En outre, la SSE refuse d'entrer en matière sur une meilleure protection des travailleurs en cas d'intempéries et contre le dumping salarial.
Récoltes de signatures
Les discussions étant au point mort, la SSE a récolté des signatures sur les chantiers pour prouver que les ouvriers étaient en faveur d'une prolongation de la CN actuelle comme elle le souhaite. Vendredi passé, l'association faîtière a indiqué avoir recueilli plus de 26'000 paraphes.
'Les salariés ont préféré signer pour une prolongation plutôt que de se retrouver sans convention du tout', nuance à ce propos Kurt Regotz. Selon lui, certains employeurs ont recouru à la menace pour obtenir les adhésions. Les syndicats relèvent eux que 'plus de 30'000 travailleurs' ont signé 'de leur plein gré' une pétition demandant un paquet de négociations sur une nouvelle CN.
Les partenaires sociaux s'accusent par ailleurs mutuellement de ne pas respecter les termes du contrat collectif. Entre-temps, Implenia a aussi mis la pression. Le numéro un suisse du bâtiment exige des deux parties qu'elles recherchent le dialogue et reprennent les discussions.
/ATS