Plainte de Christian Lüscher contre L'Hebdo rejetée aux 3/4

Le Conseil suisse de la presse a rejeté trois des quatre griefs à la base d'une plainte de ...
Plainte de Christian Lüscher contre L'Hebdo rejetée aux 3/4

Plainte de Christian Lüscher contre L'Hebdo rejetée aux 3/4

Photo: Keystone

Le Conseil suisse de la presse a rejeté trois des quatre griefs à la base d'une plainte de Christian Lüscher contre L'Hebdo. Mais dans un dossier sur un conflit d'intérêts reproché à l'avocat, le magazine n'aurait pas dû écarter un témoignage favorable au Genevois.

Dans son édition du 19 mars, L'Hebdo relevait que, comme avocat, Christian Lüscher défend les intérêts du fils du général Abacha, accusé d’avoir aidé son père à détourner des milliards dans les années 90, et, comme parlementaire, il débat de la meilleure manière de rendre les millions volés aux populations lésées. Pour certains élus, la double vie du conseiller national s’apparente à un conflit d’intérêts, écrivait alors le magazine.

Citant notamment un parlementaire socialiste, L'Hebdo accusait en outre le Genevois de ne pas avoir formellement toujours informé ses collègues de son mandat dans l’affaire Abacha. Sur les quatre volets de la plainte adressée par Christian Lüscher au Conseil de la presse, ce dernier n'en a retenu qu'un, indique-t-il mercredi dans un communiqué.

Equité

L'Hebdo a en effet violé la Déclaration des droits et devoirs des journalistes qui impose aux journalistes de ne pas supprimer des informations ou des éléments d’information essentiels. Il n'a pas publié le témoignage d'un autre parlementaire affirmant que M. Lüscher a bel et bien informé ses collègues de son mandat dans l'affaire Abacha.

Il est bien clair que les médias ne sont pas tenus de publier toutes les informations glanées sur un sujet, relève le Conseil de la presse. Toutefois, dans ce cas de figure, alors qu’il n’existait que deux avis contradictoires, le témoignage du conseiller national Guillaume Barazzone (PDC/GE) aurait dû figurer dans l’article par souci d’équité, même si ce dernier reste flou sur le moment où M. Lüscher a informé ses collègues.

Rien à redire

Ce témoignage aurait aussi permis de nuancer le propos. En privilégiant, par la seule mention, un avis sans tenir compte de l’avis opposé, L’Hebdo a violé un article de la Déclaration des devoirs des journalistes. Le Conseil de la presse ne trouve en revanche rien à redire sur le comportement de l'hebdomadaire s'agissant des trois autres points soulevés par le plaignant.

L'Hebdo n'a ainsi pas violé le devoir de recherche de la vérité. Il aurait certes été souhaitable qu’il interroge davantage de membres de la commission des affaires juridiques du National pour être sûr que le plaignant n’a jamais déclaré son conflit d’intérêts. Toutefois, après discussion, le Conseil de la presse a rejeté cet aspect de la plainte.

Rectification pas nécessaire

Il en a fait de même à propos du devoir de rectification. Il est non avenu dans ce cas de figure, déclare le conseil. 'Rectifier toute information publiée qui se révèle matériellement inexacte' n’est en effet possible que dans le cas où il peut y avoir démonstration de l’inexactitude de l’information. En l’occurrence, il n’existe que deux sources contradictoires pour s’assurer de la vérité.

L'Hebdo affirme avoir tranché sur la base du procès-verbal de la séance. Mais étant donné que ce document est secret, il ne pouvait publier qu’il y avait eu accès sans risquer de mettre en danger la personne qui le lui avait communiqué, se défend l'hebdomadaire.

Photo contestée

La dernière plainte portait sur la photo illustrant l'article, sur laquelle le conseiller national ne se trouvait pas à son avantage. 'Le visage que j’ai normalement a été dénaturé par le recours à une photographie choisie avec soin pour donner de moi la représentation la plus défavorable possible', écrivait M. Lüscher dans sa plainte.

Pour le Conseil de la presse, les griefs du plaignant ne résistent pas à l’analyse. La photographie utilisée a été livrée par une agence et a été faite au Palais fédéral avec l’accord du plaignant qui a posé devant le photographe. Elle n’a aucunement été modifiée, ni même recadrée, déclare le Conseil de la presse dans sa prise de position.

/ATS


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