Pirate de l'air éthiopien: la défense plaide l'acquittement

Le copilote éthiopien qui avait détourné un Boeing de la compagnie Ethiopian Airlines et atterri ...
Pirate de l'air éthiopien: la défense plaide l'acquittement

Pirate de l'air éthiopien: la défense plaide l'acquittement

Photo: Keystone

Le copilote éthiopien qui avait détourné un Boeing de la compagnie Ethiopian Airlines et atterri à Genève en février 2014 n'est pas responsable de son acte et doit donc être acquitté: c'est ce qu'a plaidé la défense vendredi matin au Tribunal pénal fédéral (TPF).

Le procureur fédéral Marco Renna a lui confirmé son acte d'accusation et requis une mesure thérapeutique institutionnelle. Le jugement sera émis le 9 mai prochain.

M. Renna a estimé, au terme de son réquisitoire, que 'le risque de récidive' du copilote éthiopien, 'est élevé et peut intervenir dans d'autres circonstances de la vie'. En confirmant son acte d'accusation, le procureur fédéral s'est rangé aux conclusions de l'expertise psychiatrique du prévenu qui souffre de schizophrénie paranoïde. Il a indiqué qu''un traitement est possible mais par le biais d'une prise en charge de longue durée'.

Le magistrat a en outre requis que la totalité des frais de justice - plus de 90'000 francs - soient mis à la charge du prévenu. Celui-ci devra aussi s'acquitter des indemnisations demandées par les seize passagers de l'avion détourné qui se sont constitués partie civile.

'Il cherchait sa survie'

Pour l'avocat du copilote éthiopien, Me Philippe Currat, il n'y a pas eu entrave à la circulation publique car 'l'intégrité corporelle des passagers n'a en aucun moment été concrètement mise en danger. 'Mon client, se croyant persécuté dans son pays, avait décidé de demander l'asile politique à la Suisse et pour ce faire il voulait se poser à Genève. Il cherchait donc sa survie et non pas sa mort ni celle des occupants de l'avion', a-t-il défendu.

La notion de 'dangerosité' du prévenu a aussi été rejetée par l'avocat de la défense qui a souligné que le copilote avait 'voulu atterrir au mieux'. 'S'il a tourné à plusieurs reprises au-dessus de l'aéroport de Genève, c'est sur les instructions de la tour de contrôle qui voulait gagner du temps au vu des circonstances (...) La manoeuvre d'atterrissage a été accomplie sans dommage pour les passagers et l'état de l'avion l'a confirmé', a souligné Me Currat.

Prise en charge par la famille

S'alignant lui aussi sur les conclusions du rapport psychiatrique, l'avocat a conclu à sa totale irresponsabilité. 'S'il est reconnu irresponsable, il doit être acquitté', a-t-il plaidé.

Bien que reconnaissant que son client doive être soigné, Me Currat a demandé au TPF de renoncé à toute mesure institutionnelle. L'avocat demande à ce que le prévenu puisse être pris en charge par sa famille 'qui le soutient et est consciente de son état'.

Si une mesure institutionnelle devait être émise par le TPF, l'avocat souhaite qu'elle s'appuie sur l'expertise psychiatrique et soit effectuée dans un des quatre établissements spécialisés à cet effet en Suisse.

Menaces de crash

Incarcéré à la prison de la Tuilière à Lonay (VD), cet Ethiopien subit déjà l'exécution anticipée d'une mesure thérapeutique institutionnelle. L'accusé répond de séquestration, enlèvement et entrave à la circulation publique. Plus de 200 passagers se trouvaient dans le Boeing qui assurait la liaison entre Addis Abeba et Rome.

Après une heure vingt de vol, dans la nuit du 16 au 17 février 2014, l'Ethiopien prend seul les commandes de l'appareil, profitant d'une absence du commandant de bord. Il menace de crasher l'avion si quelqu'un entre dans la cabine de pilotage.

Entre 04h00 et 05h00, à l'approche de Genève, il négocie avec un interlocuteur se trouvant à la tour de contrôle de l'aéroport en vue d'obtenir l'asile politique en Suisse. Quelques minutes avant l'atterrissage, le carburant a diminué au point de déclencher l'alarme 'Low Fuel Quantity'.

Après avoir posé l'avion et ses 200 passagers en pilotage manuel, ce qu'il n'avait fait précédemment qu'une seule fois dans un simulateur, le pilote immobilise l'appareil sur le tarmac. Puis il sort du cockpit au moyen d'une corde et demande l'asile.

/ATS


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