Les taxis pourraient bientôt évoluer sans encombre aux côtés d'Uber sur les routes genevoises. Le conseiller d'Etat Pierre Maudet a annoncé au 'Matin Dimanche' qu'il allait proposer avant l'été un projet de loi simplifiée favorisant une concurrence loyale.
'Que ce soit Uber, qui proteste ces jours, ou les compagnies traditionnelles, tous s'accommodent de l'instabilité juridique et du flou de la situation actuelle', souligne M. Maudet dans les colonnes de l'hebdomadaire orange. L'élu PLR, qui perçoit l'arrivée d'Uber 'davantage comme une opportunité qu'un problème', est convaincu de la nécessité de revoir la loi cantonale de fond en comble.
Le Conseil d'Etat veut un nouveau projet de loi 'd'abord pour la population, pas pour les taxis, ni pour Uber', poursuit le conseiller d'Etat. 'Il veut la paix des taxis, avec une solution qui s'adapte à l'évolution technologique', un texte 'praticable, simplifié et assoupli', qui ne soit pas 'caduque en quelques mois'.
Le chef du Département genevois de la sécurité et de l'économie propose un cadre auquel Uber lui aussi se conformerait: 'liberté de commerce, loyauté des affaires, sécurité des transports, standards de qualité, exigences d'usage du domaine public, protection sociale des travailleurs pour éviter le dumping salarial'.
Loi de 2014 'dépassée'
Le gouvernement genevois a pourtant voté une nouvelle loi sur les taxis il y a un an seulement. Mais Uber n'était alors pas encore présent en Suisse. Cette loi confirme notamment deux catégories de taxis ainsi qu'une centrale unique d'appel. Selon Pierre Maudet, 'elle est déjà dépassée' et 'le Conseil d'Etat va proposer son abrogation avant même son entrée en vigueur'.
'Je ne veux pas de centrale d'appel monopolistique, je veux aller vers une seule catégorie de taxis et je veux considérer le taxi comme un moyen de transport au carrefour entre transport collectif et transport privé', détaille M. Maudet à propos du nouveau projet de loi. Le conseiller d'Etat dit même cerner 'un vrai potentiel de développement en milieu urbain et de vrais gains en mobilité'.
'Laxisme et hypocrisie'
Les chauffeurs de taxis genevois sont récemment montés aux barricades pour demander à l'Etat de prendre des mesures contre Uber, estimant être victimes de concurrence déloyale.
Pierre Maudet ne veut prendre la défense de personne dans cette bataille. 'Nous ne voulons ni la flibuste, ni la préservation d'acquis corporatistes', martèle-t-il, dénonçant au passage 'le laxisme et l'hypocrisie qui se conjuguent dans le domaine des taxis' à Genève depuis une vingtaine d'années déjà.
Au cours des contrôles effectués sur les taxis, appliqués d'ailleurs aujourd'hui 'aussi bien aux autres qu'à Uber' et aux limousines, 36% en moyenne sont en infraction, sur un point ou un autre, assure le conseiller d'Etat.
Recours annoncé
Le service du commerce du canton de Genève a ordonné fin mars à Uber de cesser ses activités au bout du lac, l'accusant de violer la loi cantonale sur les taxis. Le service de covoiturage avait annoncé dans la foulée qu'il allait recourir auprès de la Chambre administrative, affirmant que les problèmes rencontrés à Genève n'avaient pas d'équivalents en Europe.
'La position claire du Conseil d'Etat a contribué à calmer les choses', fait valoir aujourd'hui Pierre Maudet.
/ATS