'Le rêve absolu': pour Patrick Aebischer, l'inauguration à l'EPFL de l'ArtLab conçu par l'architecte japonais Kengo Kuma revêt une dimension très particulière. C'est le dernier bâtiment de sa présidence et le témoin de ses rêves un 'peu fous'.
Long de près de 250 mètres, couvert d'ardoise, l'ArtLab, appelé avant Under One Roof, est dédié à la science et à la culture, avec trois espaces: un Montreux Jazz Café, un espace d'expérimentation muséale et un DataSquare. Le tout pour un coût de 35,5 millions de francs, à moitié issus de fonds privés.
Rencontre féconde
'C'est un très beau moment pour l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et pour moi en particulier', a déclaré jeudi devant la presse le président sortant de l'EPFL, Patrick Aebischer. Il a rappelé que l'origine de l'aventure remontait à une rencontre avec Claude Nobs, fondateur du Festival de jazz de Montreux.
'Le repas était bon, le vin a coulé à flots' et le projet est né de numériser les archives de la manifestation, dont il n'y avait pas de copie. Cette rencontre entre l'informatique et l'art est symbolique de l'ambition de l'ArtLab. 'C'est l'unicité du savoir qui revient', et débouche sur les humanités digitales, l'intersection de la technologie informatique et des sciences humaines ou de l'art, selon Patrick Aebischer.
Un campus vivant
La musique, mais aussi les arts plastiques ou l'histoire. Quelque 80 km d'archives de Venise sont à numériser et à mettre en valeur ou simplement à rendre accessible au public. Il fallait 'avoir un toit pour ces initiatives'. Quand Kengo Kuma a gagné le concours en 2012, ce fut 'le rêve absolu', a affirmé Patrick Aebischer.
Outre le bâtiment lui-même, il permet aussi de créer une place baptisée Maurice Cosandey, premier président de l'EPFL moderne. La Haute Ecole devient un vrai campus, animé le soir comme le week-end. Elle s'ouvre aussi complètement afin que le citoyen puisse venir, 'qu'il ait envie' de connaître ces lieux.
Nombreux défis techniques
Kengo Kuma s'est félicité d'avoir combiné technologies contemporaines et humanité dans sa construction. Vantant les prouesses des entrepreneurs et ouvriers qui l'ont construite, l'architecte a insisté notamment sur le toit en ardoise, qui rappelle 'la chaleur du chalet suisse', tout en étant durable.
Président de la Fondation Gandur pour l'Art, Jean-Claude Gandur a souligné que sa volonté de participer à l'aventure s'expliquait par son 'dada': soit les musées se réforment, soit il n'y aura plus personne dans les musées. Aujourd'hui, ce sont toujours les mêmes gens qui vont au musée: il faut révolutionner la méthodologie et les nouvelles technologies seront un des moyens d'y parvenir, selon lui.
Démocratiser les oeuvres d'art
Dernier à prendre la parole, Martin Vetterli, président désigné de l'EPFL, a salué 'le superbe bâtiment, un chef-d'oeuvre de plus sur le campus'. Evoquant le mariage de la science et des arts, il a insisté sur la volonté de 'socialiser les oeuvres d'art' qui dorment parfois dans des coffres, de les démocratiser et de mettre ces pièces à la portée de toute l'humanité.
Pour rappel, les travaux de construction ont commencé en 2014, avec plus de 40 entreprises qui y ont participé. Le 'Montreux Jazz Café at EPFL' valorise les archives du festival. L'EPFL a mis au point des dispositifs d'écoute, de navigation et de visualisation des archives. 'Aujourd'hui, on y est, on peut vibrer avec les archives', s'est enthousiasmé Mathieu Jaton, directeur du festival.
Trois espaces
Le centre du bâtiment est réservé à un espace d'expérimentation muséale. La Fondation Gandur pour l'Art propose une première exposition 'Noir, c'est noir?', une approche inédite des Outrenoirs de Pierre Soulages. Au nord de l'ArtLab, le DataSquare présente une exposition de longue durée sur la thématique du 'big data', avec deux projets: le Human Brain Project et le Venice Time Machine.
/ATS