L'horlogerie suisse n'a pas connu l'an dernier un nouvel exercice record. Les exportations ressortiront en légère baisse par rapport à 2014, mais pas en raison d'un quelconque impact négatif de l'arrivée sur le marché au printemps de la montre connectée d'Apple.
L'année qui vient de s'achever ne permettra pas d'inscrire un nouveau record, après celui de 2014 avec des exportations de 22,2 milliards de francs. 'Nous affrontons une conjonction de phénomènes contraires', constate Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH), qui écarte d'emblée le mot de crise dans le secteur.
Le premier facteur est d'ordre conjoncturel. 'Des marchés comme Hong Kong, premier débouché de longue date, la Chine ou la Russie sont à la peine après onze mois en 2015', note-t-il dans un entretien accordé à l'ats. Pas nécessairement pour les mêmes raisons, mais les baisses respectives se montent à 23,2%, 5,5% et 33,8%.
Marchés européens
Le franc fort constitue le second facteur. 'L'abandon soudain du cours plancher de l'euro il y a un an pèse sur les bénéfices des entreprises', déplore le président de la FH. Reste qu'en dépit des soucis causés par le taux de change avec la monnaie unique européenne les grands pays de la zone euro soutiennent la branche.
Des marchés comme l'Italie, la France et l'Allemagne sont en croissance ces derniers mois, de même que le Royaume-Uni (+18,4% même sur onze mois en 2015). Une évolution réjouissante, qui vient confirmer la nécessité de diversifier les débouchés pour l'horlogerie suisse, répète Jean-Daniel Pasche.
A fin novembre, après onze mois en 2015, la branche a réalisé des exportations totales de 19,8 milliards de francs, un montant en contraction de 3,3% sur un an. Pour les seules montres, le recul apparaît plus important en valeur (-3,8% à 18,6 milliards) qu'en volume (-1,7% à 25,7 millions d'unités). Un fait vu d'un bon oeil par le président de la FH.
Montre connectée
'Il convient de conserver une masse critique qui assure la quantité de travail'. La mauvaise passe du moment cache des disparités d'une marque à l'autre, les sous-traitants payant le plus lourd tribut. Des emplois ont disparu par rapport au plus de 59'000 répertoriés dans la branche à fin septembre 2014, un niveau record depuis 1975.
Au-delà des explications conjoncturelles et monétaires, il est bien trop tôt pour juger de l'impact de l'arrivée sur le marché de l'Apple Watch il y a huit mois maintenant. 'Nous ne pouvons pas encore dire si l'horlogerie suisse est véritablement affectée par les montres connectées', relève Jean-Daniel Pasche.
Le segment de l'entrée de gamme, censé être le plus touché, est finalement celui qui résiste le mieux ces derniers mois au recul des exportations, constate-t-il. En l'état, ce n'est pas le facteur de baisse, même si le premier semestre de l'an prochain amènera davantage de clarté.
Montre traditionnelle
L'occasion pour Jean-Daniel Pasche de réitérer sa confiance dans l'avenir de la montre traditionnelle, tout en saluant le fait que plusieurs marques helvétiques développent leurs propres produits connectés. 'Il importe d'apporter une réponse, les deux types de montres pouvant coexister', dit-il convaincu.
D'ailleurs, la montée en puissance de la montre connectée peut redonner l'envie à celles et ceux qui ne portent pas ou plus de montre à changer leurs habitudes. Et ce ne sont pas les horlogers suisses qui ont le plus à craindre, eux qui produisent seulement 3% du milliard de garde-temps fabriqués annuellement dans le monde.
En ce qui concerne cette année, le président de la FH se veut prudent. Après un début 2016 identique à 2015, il anticipe une stabilisation des exportations, en premier lieu du fait de l'effet de base. Pour le marché chinois, la confiance reste de mise dans la mesure où le potentiel de l'empire du Milieu demeure intact à moyen et long terme.
/ATS