Le pape François a appelé vendredi les Européens 'aujourd'hui plus que jamais, à construire des ponts et à abattre des murs', à l'image des pères fondateurs de l'Union européenne. Il s'est exprimé en recevant le prix Charlemagne au Vatican.
'Les projets des Pères fondateurs (de l'UE, ndlr), hérauts de la paix et prophètes de l'avenir, ne sont pas dépassés', a lancé le saint Père en adressant un vibrant plaidoyer pour l'Europe dans son discours.
Il a également exhorté les Européens à oser un changement radical de modèle, pour aller vers une Europe plus ouverte mais aussi plus sociale, au moment où, a-t-il souligné, le chômage fait des ravages en particulier chez les jeunes. 'Comment pouvons-nous faire participer nos jeunes à cette construction lorsque nous les privons de travail (...) nous ne savons pas leur offrir des opportunités et des valeurs ?', a-t-il lancé.
S'adressant à ses invités - la chancelière allemande Angela Merkel, les présidents du Conseil européen Donald Tusk, de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, du Parlement européen Martin Schulz, de la Banque centrale européenne Mario Draghi, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le roi d'Espagne -, François les a exhortés à 'construire des ponts et abattre des murs'.
Critiques à l'Europe
La cérémonie a eu lieu au Vatican, et non à Aix-La-Chapelle (Allemagne), où le prix Charlemagne est traditionnellement remis à une personnalité ayant contribué à l'unification européenne.
Le pape argentin, qui avait déjà 'secoué' l'UE lors d'un discours devant le parlement européen en novembre 2014, a critiqué une Europe 'en déclin (...), qui est en train de 'se retrancher' au lieu de privilégier des actions qui promeuvent de nouveaux dynamismes dans la société'.
'Que t'est-il arrivé, Europe humaniste, paladin des droits de l'homme, de la démocratie et de la liberté ?', s'est-il exclamé en faisant référence aux seigneurs de la suite de Charlemagne.
Défense des migrants
Jorge Bergoglio a également déploré que cette UE ne se contente en ce moment que de 'retouches cosmétiques ou de compromis bancals', notamment en matière d'accueil des migrants, dont il s'est fait un grand défenseur, n'hésitant pas à montrer l'exemple. Au terme d'un récent voyage à l'île grecque de Lesbos, il avait ramené avec lui douze réfugiés syriens.
Prônant un nécessaire 'dialogue', le pape a insisté sur le fait qu'il 'permet de regarder l'étranger, le migrant, celui qui appartient à une autre culture comme un sujet à écouter, à considérer et à apprécier'.
Car, rappelle le pape, 'l'identité européenne est, et a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle'.
Fragilité
Avant le pape, Martin Schulz avait lui aussi dessiné l'image d'une UE fragile: 'L'Europe est en train de traverser une période troublée et affronte ce qui pourrait être une épreuve pour son unité'.
'Nous retrancher dans nos petites zones de confort n'est pas une solution', notamment face au 'déferlement des populismes pernicieux et stupides', a affirmé pour sa part Jean-Claude Juncker.
/ATS