Le gel fait perdre 100 millions aux producteurs de fruits

Les premières estimations des dégâts dus au gel se précisent. Les pertes atteignent plus de ...
Le gel fait perdre 100 millions aux producteurs de fruits

Le gel fait perdre 100 millions aux producteurs de fruits

Photo: Keystone

Les premières estimations des dégâts dus au gel se précisent. Les pertes atteignent plus de 100 millions de francs rien que pour les cultures fruitières. La vigne n'a pas encore de chiffres, mais plus de 5500 hectares ont été touchés à des degrés divers.

'Dans le secteur fruitier, on peut parler de perte historique', a indiqué mercredi à l'ats Hubert Zufferey de Fruit-Union Suisse. Pour les producteurs de pommes, elle devrait avoisiner 42 millions de francs, pour les cerises, 25 millions. Et il ne s'agit que d'une estimation intermédiaire.

Les volumes de cerises indigènes n'atteindront qu'un quart d'une saison normale. Les étals ne pourront proposer que 800 tonnes contre 3000 normalement. Pour les pommes et poires, la récolte est amputée d'environ un tiers. Mais impossible encore de dire combien de fruits seront atteints d'anneaux de gel, synonyme de perte de valeur. Ce contrôle n'interviendra qu'en juillet.

Les producteurs de pruneaux doivent eux compter avec une perte de 67%. Là aussi, les estimations se préciseront encore dans quinze jours. Quant aux abricots, la cueillette est divisée par deux, avec 4000 à 4500 tonnes au lieu de 9000, selon M. Zufferey.

Grosses différences régionales

Pour les petits fruits, la situation s'annonce moins catastrophique. Les fraises accusent une perte de 20% par rapport à la norme (2016 était déjà en dessous des attentes en raison de problèmes de pourriture). Les évaluations sont en cours pour les framboises et groseilles, tandis que les myrtilles et mûres n'ont pas subi de dégâts.

En l'état, les producteurs de fruits doivent s'attendre à une perte globale de 100 millions de francs. Il y a de grosses différences régionales, sachant par exemple que pour les pommes, les dégâts aux vergers s'élevaient entre 5% et 10% en Valais contre 80% en Suisse centrale. En outre, c'est sans compter les pertes subies par les intermédiaires chargés de la commercialisation ou de la transformation comme les distillateurs.

Côté légumes, les maraîchers restent prudemment optimistes: ce sont surtout les asperges vertes qui ont subi une grosse panne durant 15 jours, rappelle Jimmy Mariéthoz, de l'Union maraîchère suisse. Il précise que la plupart des légumes suivent un rythme de production de 12 à 15 semaines relativement facile à rattraper et qui n'a rien à voir avec celui de l'arboriculture.

Pas de pénurie en vue

Les consommateurs ne devraient pas remarquer une pénurie de fruits et légumes. Les quantités manquantes seront compensées par des importations, précise Roger Maeder de Swisscofel, l'association suisse du commerce de fruits, de légumes et de pommes de terre.

La branche discute deux fois par semaine des contingents de marchandises à importer. Pour les cerises de table, l'importation est libre jusqu'au 15 juin et la situation sera rediscutée pour la suite. Une décision est aussi attendue prochainement pour les pruneaux. L'essentiel est d'assurer un approvisionnement stable sans pénaliser les clients.

Un tiers du vignoble suisse touché

Pour la vigne, il est encore trop tôt pour tirer un bilan chiffré des dégâts. Il faut attendre au minimum la floraison en juin, explique Chantal Aeby, de la Fédération suisse des vignerons. Les surfaces totales touchées par le gel atteignent toutefois plus d'un tiers des 14'800 hectares viticoles en Suisse, selon un bilan établi fin avril.

Dans les cantons du Valais et de Genève, près de la moitié du vignoble est atteint à 70%, voire 100%. Thurgovie, Schaffhouse, Zurich ont subi des pertes de plus de 80% sur quatre cinquièmes voire l'ensemble de leur surface viticole. Des mesures de soutien en matière d'accès à des prêts ou de remboursement de crédits d'investissement sont actuellement en discussion.

Il faut compter 30'000 francs de coûts (main d'oeuvre, traitements, assurances) par hectare de vignoble. Ce même hectare rapporte entre 40'000 et 45'000 francs. Ces valeurs moyennes varient d'un coteau à l'autre, du cépage et de la qualité du vin qu'on en tire, précise Pierre-Antoine Héritier, président de la Fédération valaisanne des vignerons. Donc pour l'heure, impossible de chiffrer la perte financière. Une taxation des dégâts va commencer en Valais pour avoir une idée complète.

Côté assurance, sur les 250 polices gel souscrites en 2017, Suisse Grêle a reçu 110 déclarations de dommages. Le montant des dégâts assurés est estimé à plus de 3 millions de francs, bien loin des pertes totales qui se dessinent. Pour Suisse Grêle, cet épisode à lui seul n'entraînera pas une année record en termes de sinistres.

/ATS
 

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