Le président du conseil d'administration de Sika, Paul Hälg, est plus décidé que jamais à combattre le rachat du groupe zougois de spécialités chimiques par le géant français Saint-Gobain. Il est conscient que la procédure prendra des mois, peut-être des années.
Paul Hälg s'exprimait dimanche dans les colonnes de l'hebdomadaire alémanique SonntagsZeitung, une interview relayée dans Le Matin Dimanche. Ses propos tombent trois jours après le rejet de l'appel de la famille héritière Burkard-Schenker concernant la limitation de ses droits de vote lors de l'assemblée générale.
'C'est un jalon important pour nous et une bonne nouvelle pour Sika, ses actionnaires minoritaires et tous les collaborateurs', note Paul Hälg. 'Nous nous sentons confirmés dans notre démarche et légitimes dans notre combat défensif', précise le président du conseil, conscient que rien n'est joué cependant.
La Cour suprême du canton de Zoug n'a en effet rien tranché sur le fond de l'affaire. De plus, la famille héritière a déposé plainte contre trois membres de l'organe de surveillance. Paul Hälg se dit conscient qu'une décision en défaveur des contestataires du rachat de Sika par Saint-Gobain peut coûter cher.
Des mois, voire des années
Au-delà, le président du conseil d'administration admet que la lutte prendra du temps. 'Cela peut aller des mois, des années, suivant les circonstances jusqu'en 2016, voire plus tard', explique-t-il, en ajoutant jouir par ailleurs du soutien des 167 cadres supérieurs du groupe basé à Baar (ZG).
Concernant l'attitude de la famille héritière et de Saint-Gobain, Paul Hälg 'constate simplement que l'autre partie n'est d'aucune manière disposée à discuter. Nous avons fait des propositions pour résoudre l'affaire: Sika reprend le business du mortier de Saint-Gobain. Ou alors, Sika est repris entièrement par Saint-Gobain.'
'Nous avons soumis une proposition dans ce sens à la famille', indique le président de Sika. 'La proposition est élaborée. Malheureusement, nous n'avons pas pu en discuter avec la famille, parce qu'elle est encore liée par un contrat. Mais nous sommes disposés à en discuter dès que la famille le souhaite.'
Transaction à fin 2014
La direction et une partie du conseil d'administration de Sika s'opposent depuis des mois à la vente de la participation de contrôle de la société Schenker Winkler Holding (SWH) à Saint-Gobain. Le géant français des matériaux de construction avait conclu en décembre une transaction à 2,75 milliards de francs, pour reprendre la participation des héritiers avec une prime de 80%.
Leur participation se monte à 16,1% du capital, mais représente 52,4% des droits de vote. Ce qui théoriquement permet à Saint-Gobain de prendre le contrôle de la société sans avoir à lancer d'offre publique d'achat (OPA).
Les dirigeants de Sika contestent cette opération pour laquelle ils n'ont pas été consultés, de peur qu'elle ne se fasse au détriment de Sika, concurrent de Saint-Gobain sur ses activités de mortier.
/ATS