Vouloir combattre la faim dans le monde est louable, mais l'initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires ne permettra pas d'y parvenir, estime mardi le comité de droite. Le texte, purement idéologique, est en plus nuisible à l'économie suisse.
L'initiative populaire sur laquelle les citoyens sont appelés à se prononcer le 28 février réclame une interdiction d'investissement direct ou indirect dans les denrées alimentaires pour les sociétés ayant leur siège ou une succursale en Suisse. Cela vaudrait aussi pour la vente de produits structurés.
Seuls des contrats avec des producteurs et des commerçants et portant sur la garantie des délais ou des prix fixés seraient autorisés. Les jeunes socialistes comptent ainsi endiguer la faim et la pauvreté dans le monde.
Instrumentalisation
Pour le comité réunissant PLR, PDC, UDC, Vert'libéraux, PBD et les sections jeunes de ces partis, ce but n'est autre qu'une 'instrumentalisation à des fins de marketing politique', a dénoncé Isabelle Chevalley (PVL/VD) devant les médias.
'Je connais bien l'Afrique, et là-bas, les guerres, les mauvaises conditions climatiques et les problèmes de stockage sont les causes des famines', a expliqué la conseillère nationale. La spéculation n'est donc pas en cause.
Les famines qui ont secoué plusieurs pays du sud en 2007 et 2008 sont survenues après une importante sécheresse en Australie et des difficultés de production en Europe, au Canada et aux Etats-Unis.
Plusieurs études montrent au contraire l'absence d'effet, voire même une réduction des variations de prix grâce aux investisseurs, a souligné le conseiller national Beat Walti (PLR/ZH). Ces derniers apportent des liquidités sur les marchés et assurent les prix pour les agriculteurs.
Monstre bureaucratique
L'initiative n'agirait qu'en Suisse, menaçant le pays d'un monstre bureaucratique et de nombreuses pertes d'emplois après les délocalisations des entreprises concernées, a averti le conseiller national Hansjörg Knecht (UDC/AG).
Car les investisseurs ne seraient pas les seuls touchés par le texte de la Jeunesse socialiste: banques, assurances et caisses de pension en pâtiraient aussi, a argumenté le conseiller aux Etats Isidor Baumann (PDC/UR). 'En Suisse, la branche représente près de 4% du PIB'.
Plus de problème
'Améliorer le stockage des aliments est bien plus efficace pour lutter contre la famine. L'initiative des jeunes socialistes ne va pas résoudre le problème', a ajouté Isabelle Chevalley. Le vrai problème, selon elle, a déjà été résolu avec la loi sur l'infrastructure des marchés.
La loi permet au Conseil fédéral de limiter la taille d'une position nette qu'une personne peut détenir sur les matières premières. Son utilisation n'est toutefois pas encore à l'ordre du jour: le gouvernement préfère attendre l'aboutissement de lois similaires aux Etats-Unis et au sein de l'Union européenne.
/ATS