La croissance de la Suisse romande sera divisée par plus que deux cette année. L'Institut CREA et les six banques cantonales prévoient une hausse de 0,8% du PIB romand contre 2,1% l'an dernier, en raison de l'appréciation du franc et d'une conjoncture mondiale morose.
'L'économie de la Suisse romande sera freinée, mais nous ne prévoyons pas d'effondrement', a affirmé mercredi Jean-Pascal Baechler, de la Banque cantonale vaudoise (BCV) en présentant les résultats de l'étude annuelle.
Pour la première fois depuis dix ans, les économistes de l'Institut CREA tablent sur une croissance similaire en Suisse romande par rapport à la moyenne helvétique en 2015 (respectivement 0,8% et 0,9%) et même inférieure en 2016 (1,4% contre 1,8%). Les moteurs de l'économie romande ne sont pas à l'arrêt, mais baissent de régime, a expliqué M. Baechler.
L'économie des six cantons romands résiste, mais des secteurs comme l'hôtellerie-restauration, le commerce, l'industrie vont souffrir du renchérissement du franc par rapport à l'euro. Les services financiers sont confrontés à de fortes incertitudes.
Amélioration en 2016
La légère remontée du cours du dollar compense partiellement la hausse du franc par rapport à l'euro. Pour 2016, l'étude prévoit une remontée de la croissance à 1,4% à la faveur d'une amélioration de la conjoncture dans la zone euro et d'un relâchement attendu de la pression haussière sur le franc.
Avec un produit intérieur brut (PIB) nominal de 155,2 milliards de francs en 2014, la Suisse romande représente près d'un quart (24%) de l'économie suisse. Cette part avait augmenté ces dernières années grâce à une croissance tendanciellement plus rapide qu'en moyenne nationale. Mais cet écart se réduit.
Dans l'industrie, la chimie et la pharma résisteront bien, mais le secteur des machines stagnera cette année. La construction et l'immobilier restent soutenus par la progression de la population et des taux d'intérêt très bas, tout en étant un peu moins dynamiques que l'an dernier.
Secteurs dans le rouge
L'hôtellerie-restauration tombe carrément dans le rouge. 'Même s'ils continuent de venir, les étrangers restent moins longtemps et dépensent moins. Le climat de consommation est en outre morose en Suisse', a affirmé M. Baechler. Le commerce, dont le négoce, est également dans le rouge.
L'évolution des services financiers restera tout juste positive, mais sa croissance est divisée par trois par rapport à 2014. L'évolution des taux de change et les taux d'intérêt négatifs sont autant de variables qui pèsent sur le secteur. Les services aux entreprises vont connaître aussi un tassement.
Ces prévisions sont à considérer avec prudence, soulignent les six banques cantonales (Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Valais et Vaud). L'évolution du cours du franc est difficile à anticiper, la zone euro est toujours confrontée à des défis structurels importants et les foyers de tensions géopolitiques sont nombreux dans le monde.
/ATS